STAGIONE D’OPERA E DI BALLETTO 2019-2020
Georges Bizet
CARMEN
Libretto digitale
abbinato al volume n. 223 della collana «I Libretti» del Teatro Regio
Indice
{ n. 4 - Chœur des cigarières } { n. 9 - Chanson et Mélodrame }
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{ n. 4 - Coro delle sigaraie } { n. 10 - Seguidilla e Duetto }
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{ n. 14 bis - Sortie d’Escamillo }
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{ n. 14 bis - Uscita di Escamillo }
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{ n. 21 - Morceau d’ensemble }
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{ n. 27 - Duo et Chœur final }
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{ n. 27 - Duetto e Coro finale }
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Carmenopéra-comique en quatre actes
paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy
tiré de la nouvelle de Prosper Mérimée
musique de Georges Bizet
Don José, brigadier ténor Escamillo, toréador baryton Le Dancaïre, contrebandier baryton Le Remendado, contrebandier ténor Moralès, brigadier baryton Zuniga, lieutenant bas Carmen, bohémienne mezzo-soprano Micaëla, paysanne soprano Frasquita, bohémienne soprano Mercédès, bohémienne mezzo-soprano Un bohémien bas Une marchande des oranges contralto Lillas Pastia, aubergiste rôle parlé Un guide rôle parlé Un soldat rôle parlé Un vieux monsieur figurant Sa jeune épouse figurant Un jeune homme, l’alcade figurant
Soldats, jeunes gens, hommes du peuple, cigarières, bohémiennes, bohémiens, marchands ambulants, gamins, etc.
En Espagne, vers 1820. |
Carmenopéra-comique in quattro atti
libretto di Henri Meilhac e Ludovic Halévy
dalla novella di Prosper Mérimée
musica di Georges Bizet
Don José, brigadiere tenore Escamillo, toreador baritono Il Dancairo, contrabbandiere baritono Il Remendado, contrabbandiere tenore Morales, brigadiere baritono Zuniga, tenente basso Carmen, zingara mezzosoprano Micaela, contadina soprano Frasquita, zingara soprano Mercedes, zingara mezzosoprano Uno zingaro basso Una venditrice d’arance contralto Lillas Pastia, locandiere ruolo parlato Una guida ruolo parlato Un soldato ruolo parlato Un vecchio signore comparsa La sua giovane sposa comparsa Un giovanotto, l’alcalde comparsa
Soldati, giovanotti, popolani, sigaraie, zingare, zingari, venditori ambulanti, monelli, ecc.
In Spagna, intorno al 1820.
[Traduzione di Maria Teresa Giaveri, per gentile concessione della Fondazione Teatro alla Scala di Milano. Libretto in versione integrale.] |
{ Prélude }
Acte I
Une place, à Séville. À droite la porte de la manufacture de tabac. Au milieu une fontaine. Au fond un pont praticable. À gauche le corps de garde.
Scène IMoralès, Micaëla, soldats, passants. Au lever du rideau, le brigadier Moralès et les soldats sont groupés devant le corps de garde. Mouvement de promeneurs sur la place.
{ n. 1 - Scène et Chœur }dragons Sur la place Chacun passe, Chacun vient, chacun va; Drôles de gens que ces gens-là!
moralès (nonchalamment) À la porte du corps de garde, Pour tuer le temps, On fume, on jase, l’on regarde Passer les passants. Sur la place etc.
dragons Sur la place etc.
moralès Drôles de gens! (Entrée de Micaëla.) Regardez donc cette petite Qui semble vouloir nous parler… Voyez! Elle tourne… elle hésite…
dragons À son secours il faut aller!
moralès (à Micaëla, galamment) Que cherchez-vous, la belle?
micaëla (simplement) Moi, je cherche un brigadier.
moralès (avec emphase) Je suis là… Voilà!
micaëla Mon brigadier, à moi, s’appelle Don José. Le connaissez-vous?
moralès (légèrement) Don José? Nous le connaissons tous.
micaëla (vivement) Vraiment? Est-il avec vous, je vous prie?
moralès Il n’est pas brigadier dans notre compagnie.
micaëla (désappointée) Alors, il n’est pas là?…
moralès Non, ma charmante, il n’est pas là; Mais tout à l’heure il y sera. Il y sera quand la garde montante Remplacera la garde descendante.
moralès, dragons Il y sera quand la garde montante Remplacera la garde descendante.
moralès (très galant) Mais en attendant qu’il vienne, Voulez-vous, la belle enfant, Voulez-vous prendre la peine D’entrer chez nous un instant?
micaëla Chez vous?
moralès, dragons Chez nous!
micaëla (finement) Non pas, non pas, Grand merci, messieurs les soldats.
moralès Entrez sans crainte, mignonne, Je vous promets qu’on aura, Pour votre chère personne, Tous les égards qu’il faudra.
micaëla Je n’en doute pas, cependant, Je reviendrai, c’est plus prudent. Je reviendrai quand la garde montante Remplacera la garde descendante.
moralès, dragons Il faut rester, car la garde montante Va remplacer la garde descendante.
moralès Vous resterez!
(Les soldats entourent Micaëla, qui cherche à se dégager.)
micaëla Non pas, non pas!
moralès, dragons Vous resterez!
micaëla Non pas, non pas! Non! Non! Non! (s’échappant) Au revoir, messieurs les soldats!
moralès L’oiseau s’envole… On s’en console… Reprenons notre passe-temps, Et regardons passer les gens.
dragons Sur la place etc.
moralès Drôles de gens!
{ n. 2 - Scène et Pantomime }(Parmi les gens qui vont et viennent, un vieux monsieur donnant le bras à une jeune dame. Le vieux monsieur voudrait continuer sa route; mais la jeune dame fait tout ce qu’elle peut pour le retenir sur la place. Elle paraît émue, inquiète. Elle regarde à droite et à gauche.) Attention! Chut! Attention!… Taisons-nous!… Voici venir un vieil époux, Œil soupçonneux, mine jalouse!… Il tient au bras sa jeune épouse… L’amant, sans doute, n’est pas loin; Il va sortir de quelque coin!
moralès, dragons L’amant, sans doute, n’est pas loin; Il va sortir de quelque coin!
(En ce moment, un jeune homme entre rapidement sur la place. Toute cette pantomime doit cadrer exactement avec le récit de Moralès qui en indique tous les mouvements.)
moralès (riant) Ah! ah! ah! ah! Le voilà!
dragons (riant) Ah! ah! ah! ah! Le voilà!
moralès Le voilà! Ah! Le voilà! Oui, le voilà!
moralès, dragons Voyons, comment ça tournera!
moralès (imitant le jeune homme) Vous trouver ici, quel bonheur! (imitant le vieux mari) Je suis bien votre serviteur. (le jeun homme) Il salue, il parle avec grâce, (le vieux mari) Le vieux mari fait la grimace; (imitant la jeune dame) Mais d’un air très encourageant La dame accueille le galant! Ils font ensemble quelques pas. Notre amoureux, levant le bras, Fait voir au mari quelque chose, Et le mari, toujours morose, Regarde en l’air… Le tour est fait! Car la dame a pris le billet! Et voilà! ah! ah! On voit comment ça tournera!
moralès, dragons On voit comment ça tournera! Ah! ah! ah! ah!
Scène IILes mêmes, Don José, Zuniga. { n. 3 - Chœur des gamins }On entend au loin une marche militaire. Appel de clairon en scène. Les soldats se rangent en ligne devant le poste. La garde montante paraît; un clairon et un fifre d’abord; puis une bande de petits gamins. Derrière les enfants le lieutenant Zuniga et le brigadier Don José, puis les dragons. Durant le chœur des gamins, la garde montante va se placer vis-à-vis la garde descendante.
gamins Avec la garde montante, Nous arrivons, nous voilà! Sonne, trompette éclatante! Ta ra ta ta ta ra ta ta. Nous marchons, la tête haute Comme de petits soldats, Marquant, sans faire de faute, (crié) Une, deux, marquant le pas. Les épaules en arrière Et la poitrine en dehors, Les bras de cette manière, Tombant tout le long du corps. Avec la garde montante etc.
(Les officiers se saluent de l’épée et se mettent à causer à voix basse. On relève les sentinelles.)
moralès (à Don José) Il y a une jolie fille qui est venue Te demander. Elle a dit qu’elle reviendrait…
don josé Une jeune fille?…
moralès Oui, et gentiment habillée, une jupe bleue, Des nattes tombant sur les épaules…
don josé C’est Micaëla. Ce ne peut être que Micaëla.
moralès Elle n’a pas dit son nom.
(Départ de la garde descendante. Les gamins reprennent derrière le clairon et le fifre de la garde descendante la place qu’ils occupaient derrière le clairon et le fifre de la garde montante.)
gamins ... Et la garde descendante Rentre chez elle et s’en va. Sonne, trompette éclatante etc.
(L’officier de la garde montante a passé l’inspection de ses hommes. à son signe, les dragons rompent les rangs et rentrent dans le corps de garde.)
Scène IIIZuniga, Don José. { Dialogue }zuniga Dites-moi, brigadier?
don josé (se levant) Mon lieutenant.
zuniga Je ne suis dans le régiment que depuis deux jours, et jamais je n’étais venu à Séville. Qu’est-ce que c’est ce grand bâtiment?
don josé C’est la manufacture de tabacs…
zuniga Ce sont des femmes qui travaillent là?
don josé Oui, mon lieutenant. Elles n’y sont pas maintenant; tout à l’heure, après leur dîner, elles vont revenir. Et je vous réponds qu’alors il y aura du monde pour les voir passer.
zuniga Elles sont beaucoup?
don josé Ma foi, elles sont bien quatre ou cinq cents qui roulent des cigares dans une grande salle…
zuniga Ce doit être curieux.
don josé Oui, mais les hommes ne peuvent pas entrer dans cette salle sans une permission…
zuniga Ah!
don josé Parce que, lorsqu’il fait chaud, ces ouvrières se mettent à leur aise, surtout les jeunes.
zuniga Il y en a de jeunes?
don josé Mais oui, mon lieutenant.
zuniga Et des jolies?
don josé (riant) Je le suppose… Mais à vous dire vrai, et bien que j’aie été de garde ici plusieurs fois déjà, je n’en suis pas bien sûr, car je ne les ai jamais beaucoup regardées…
zuniga Allons donc!…
don josé Que voulez-vous?… Ces andalouses me font peur. Je ne suis pas fait à leurs manières, toujours à railler… Jamais un mot de raison…
zuniga Et puis nous avons un faible pour les jupes bleues, et pour les nattes tombant sur les épaules…
don josé (riant) Ah! Mon lieutenant a entendu ce que me disait Moralès?…
zuniga Oui…
don josé Je ne le nierai pas… la jupe bleu, les nattes… c’est le costume de la Navarre… ça me rappelle le pays…
zuniga Vous êtes navarrais?
don josé Et vieux chrétien. Don José Lizzarrabengoa, c’est mon nom… On voulait que je fusse d’église, et l’on m’a fait étudier. Mais je ne profitais guère, j’aimais trop jouer à la paume… Un jour que j’avais gagné, un gars de l’Alava me chercha querelle; j’eus encore l’avantage, mais cela m’obligea de quitter le pays. Je me fis soldat! Je n’avais plus mon père; ma mère me suivit et vint s’établir à dix lieues de Séville… avec la petite Micaëla… c’est une orpheline que ma mère a recueillie, et qui n’a pas voulu se séparer d’elle…
zuniga Et quel âge a-t-elle, la petite Micaëla?
don josé Dix-sept ans…
zuniga Il fallait dire cela tout de suite… je comprends maintenant pourquoi vous ne pouvez pas me dire si les ouvrières de la manufacture sont jolies ou laides… (La cloche de la manufacture se fait entendre.)
don josé Voici la cloche qui sonne, mon lieutenant, et vous allez pouvoir juger par vous-même… Quant à moi, je vais faire une chaîne pour attacher mon épinglette.
Scène IVLes mêmes, cigarières, jeunes gens, hommes du peuple, soldats. Don José s’assied et reste là fort indifférent à toutes ces allées et venues, travaillant sur sa chaîne. Entrée des jeunes gens, des hommes du peuple et des soldats. La cloche s’arrête. { n. 4 - Chœur des cigarières }jeunes gens La cloche a sonné; nous, des ouvrières, Nous venons ici guetter le retour; Et nous vous suivrons, brunes cigarières, En vous murmurant des propos d’amour!
(Les cigarières paraissent la cigarette aux lèvres et descendent lentement en scène.)
hommes du peuple Voyez-les! regards impudents, Mine coquette! Fumant toutes, du bout des dents, La cigarette.
cigarières Dans l’air, nous suivons des yeux La fumée, Qui vers les cieux Monte parfumée. Cela monte gentiment À la tête, Tout doucement, cela vous met L’âme en fête! Le doux parler des amants, C’est fumée! Leurs transports et leurs serments, C’est fumée! Dans l’air, nous suivons etc.
hommes du peuple (aux cigarières) Sans faire les cruelles, Écoutez-nous, les belles, Ô vous que nous adorons, Que nous idolâtrons!
cigarières (reprenant en riant) Le doux parler etc.
hommes du peuple Ô vous que nous aimons, Écoutez-nous, les belles!… Mais nous ne voyons pas la Carmencita!
Scène VLes mêmes, Carmen.
{ n. 5 - Scène et Habanera }Entrée de Carmen.
jeunes gens La voilà! La voilà!
cigarières, jeunes gens, hommes du peuple La voilà! Voilà la Carmencita!
jeunes gens (à Carmen) Carmen! sur tes pas nous nous pressons tous! Carmen! sois gentille, au moins réponds-nous, Et dis-nous quel jour tu nous aimeras! Carmen, dis-nous quel jour tu nous aimeras!
carmen (après avoir rapidement regardé Don José; gaîment) Quand je vous aimerai? Ma foi, je ne sais pas… Peut-être jamais!… Peut-être demain!… (résolument) Mais pas aujourd’hui… c’est certain. L’amour est un oiseau rebelle Que nul ne peut apprivoiser, Et c’est bien en vain qu’on l’appelle, S’il lui convient de refuser. Rien n’y fait, menace ou prière, L’un parle bien, l’autre se tait; Et c’est l’autre que je préfère, Il n’a rien dit; mais il me plaît.
cigarières, jeunes gens, hommes du peuple L’amour est un oiseau rebelle etc.
carmen L’amour! L’amour est enfant de bohème, Il n’a jamais, jamais connu de loi, Si tu ne m’aimes pas, je t’aime; Si je t’aime, prends garde à toi!
cigarières, jeunes gens, hommes du peuple Prends garde à toi!
carmen Si tu ne m’aimes pas, je t’aime!
cigarières, jeunes gens, hommes du peuple Prends garde à toi!
carmen Mais si je t’aime, prends garde à toi!
cigarières, jeunes gens, hommes du peuple L’amour est enfant de bohème etc.
carmen L’oiseau que tu croyais surprendre Battit de l’aile et s’envola; L’amour et loin, tu peux l’attendre; Tu ne l’attends plus, il est là! Tout autour de toi vite, vite, Il vient, s’en va, puis il revient; Tu crois le tenir, il t’évite; Tu crois l’éviter, il te tient!
cigarières, jeunes gens, hommes du peuple Tout autour de toi vite, vite etc.
carmen L’amour! L’amour est enfant de bohème etc. (du même)
{ n. 6 - Scène }jeunes gens (à Carmen) Carmen! sur tes pas nous nous pressons tous! Carmen! sois gentille, au moins réponds-nous! Ô Carmen! sois gentille, au moins réponds-nous!
(Les jeunes gens entourent Carmen. Celle-ci les regarde, puis regarde Don José. Elle hésite… paraît se diriger vers la manufacture… puis revient sur ses pas et s’en va droit à Don José qui est toujours occupé de son épinglette.)
carmen Eh! Compère, qu’est-ce que tu fais là?…
don josé Je fais une chaîne en fil de laiton, une chaîne pour attacher mon épinglette…
carmen (riant) Ton épinglette, vraiment!… Ton épinglette… épinglier de mon âme!…
(En disant ces mots elle arrache de son corsage une fleur de cassie et la lance à Don José. Carmen se sauve en courant.)
cigarières (riant légèrement et entourant Don José) L’amour est enfant de bohème etc.
(Éclat de rire général. La cloche de la manufacture sonne une seconde fois. Sortie des ouvrières, des jeunes gens et des hommes du peuple. Les soldats rentrant au poste. Don José reste seul.)
Scène VIDon José seul. { Dialogue }don josé Qu’es-ce que cela veut dire, ces façons-là?… Quelle effronterie!… (en souriant) Tout ça parce que je ne faisais pas attention à elle!… Alors, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, elle est venue… (Il regarde la fleur de cassie qui est par terre à ses pieds. Il la ramasse.) Avec quelle adresse elle me l’a lancée, cette fleur… là, juste entre les deux yeux… ça m’a fait l’effet d’une balle qui m’arrivait… (Il respire le parfum de la fleur.) Comme c’est fort!… certainement, s’il y a des sorcières, cette fille-là en est une.
(Entre Micaëla.)
Scène VIIDon José, Micaëla.
micaëla Monsieur le brigadier? José!
don josé (cachant précipitamment la fleur de cassie) Quoi? … Qu’est-ce que c’est?… Micaëla?… C’est toi…
micaëla C’est moi… Me voici!
don josé Et tu viens de là-bas? Quelle joie!
micaëla Et je viens de là-bas… c’est votre mère qui m’envoie…
don josé Ma mère! { n. 7 - Duo }(ému) Parle-moi de ma mère!
micaëla (simplement) J’apporte de sa part, fidèle messagère, Cette lettre…
don josé Une lettre!
micaëla Une lettre! et puis un peu d’argent Pour ajouter à votre traitement. (hésitant) Et puis…
don josé Et puis?…
micaëla Et puis… vraiment je n’ose!… Et puis… et puis encore une autre chose Qui vaut mieux que l’argent… et qui, pour un bon fils, Aura sans doute plus de prix.
don josé Cette autre chose, quelle est-elle? Parle donc…
micaëla Oui, je parlerai. Ce que l’on m’a donné, je vous le donnerai. Votre mère avec moi sortait de la chapelle, Et c’est alors qu’en m’embrassant: Tu vas, m’a-t-elle dit, t’en aller à la ville: La route n’est pas longue, une fois à Séville Tu chercheras mon fils, mon José, mon enfant! Et tu lui diras que sa mère Songe nuit et jour à l’absent, Qu’elle regrette et qu’elle espère, Qu’elle pardonne et qu’elle attend. Tout cela, n’est-ce pas, mignonne, De ma part tu le lui diras; Et ce baiser que je te donne, De ma part tu le lui rendras!
don josé (très ému) Un baiser de ma mère!
micaëla Un baiser pour son fils! (simplement) José, je vous le rends comme je l’ai promis! (Elle embrasse Don José.)
don josé (avec émotion) Ma mère, je la vois!… Oui, je revois mon village! Ô souvenirs d’autrefois, Doux souvenirs du pays! Ô souvenirs chéris! Vous remplissez mon cœur de force et de courage. Ô souvenirs chéris! Ma mère, je la vois, Je revois mon village!
micaëla Sa mère il la revoit! Il revoit son village! Ô souvenirs d’autrefois, Souvenirs du pays! Vous remplissez son cœur de force et de courage. Ô souvenirs chéris! Sa mère, il la revoit, Il revoit s on village!
don josé Qui sait de quel démon j’allais être la proie! (recueilli) Même de loin, ma mère me défend, Et ce baiser qu’elle m’envoie, (avec élan) Ce baiser qu’elle m’envoie, Écarte le péril et sauve son enfant!
micaëla Quel démon? Quel péril? (vivement) Je ne comprends pas bien… Que veut dire cela?
don josé Rien! rien! Parlons de toi, la messagère; Tu vas retourner au pays?
micaëla Oui, ce soir même: demain je verrai votre mère!
don josé (vivement) Tu la verras! Eh bien! tu lui diras: Que son fils l’aime et la vénère, Et qu’il se repent aujourd’hui: Il veut que là-bas sa mère Soit contente de lui! Tout cela, n’est-ce pas, mignonne, De ma part tu le lui diras; Et ce baiser que je te donne, De ma part, tu le lui rendras! (Il embrasse Micaëla.)
micaëla (simplement) Oui, je vous le promets… de la part de son fils, José, je le rendrai comme je l’ai promis.
don josé Ma mère, je la vois etc.
micaëla Sa mère, il la revoit etc. { Dialogue }don josé Attends un peu maintenant… je vais lire sa lettre…
micaëla J’attendrai, monsieur le brigadier, j’attendrai…
don josé (baisant la lettre avant de commencer à lire) Ah! (lisant) «Continue à te bien conduire, mon enfant! On t’a promis de te faire maréchal de logis. Peut-être alors pourrais-tu quitter le service, te faire donner une petite place et revenir près de moi. Je commence à me faire bien vieille. Tu reviendrais près de moi et tu te marierais… Nous n’aurions pas, je pense, grand’ peine a te trouver une femme, et je sais bien, quant à moi, celle que je te conseillerais de choisir: c’est tout justement celle qui te porte ma lettre… Il n’y en a pas de plus sage, ni de plus gentille…»
micaëla (l’interrompant) Il vaut mieux que je ne sois pas là!…
don josé Pourquoi donc?
micaëla (troublée) Je viens de me rappeler que votre mère m’a chargée de quelques petits achats: je vais m’en occuper tout de suite.
don josé Attends un peu, j’ai fini…
micaëla Vous finirez quand je ne serai plus là…
don josé Mais la réponse?…
micaëla Je viendrai la prendre avant mon départ et je la porterais à votre mère… Adieu.
don josé Micaëla!
micaëla Non, non… Je reviendrai, j’aime mieux cela… je reviendrai, je reviendrai… (Elle sort.)
Scène VIIIDon José, puis les ouvrières, Zuniga, soldats.
don josé (lisant) «Il n’y en a pas de plus sage, ni de plus gentille… il n’y en a pas surtout qui t’aime davantage… et si tu voulais…» Oui, ma mère, oui, je ferai ce que tu désires… j’épouserai Micaëla, et quant à cette bohémienne, avec ses fleurs qui ensorcellent…
(Au moment où il va arracher les fleurs de sa veste, grande rumeur dans l’intérieur de la manufacture.)
{ n. 8 - Chœur }(Cris dans la coulisse.)
zuniga (sortant du poste, suivi des soldats) Eh bien! Eh bien! qu’est-ce qui arrive? (Les cigarières sortent rapidement et en désordre.)
cigarières (premier groupe) Au secours! Au secours!
cigarières (deuxième groupe) Au secours! Au secours! Messieurs les soldats!
cigarières (premier groupe) C’est la Carmencita!
cigarières (deuxième groupe) Non, non, ce n’est pas elle!
cigarières (premier groupe, à Zuniga) C’est elle! Si fait, c’est elle! Elle a porté les premiers coups! Ne les écoutez pas! Monsieur! Écoutez-nous!
cigarières (deuxième groupe, à Zuniga) Ne les écoutez pas! Monsieur! Écoutez-nous! (tirant Zuniga de leur côté) La Manuelita disait Et répétait à voix haute Qu’elle achèterait sans faute Un âne qui lui plaisait.
cigarières (premier groupe, même jeu) Alors la Carmencita, Railleuse à son ordinaire, Dit: «Un âne, pour quoi faire? Un balai te suffira!»
cigarières (deuxième groupe) Manuelita riposta Et dit à sa camarade: «Pour certaine promenade Mon âne te servira!»
cigarières (premier groupe) «Et ce jour-là tu pourras À bon droit faire la fière, Deux laquais suivront derrière T’émouchant à tour de bras.»
cigarières (premier et deuxième groupe) Là-dessus, toutes les deux Se sont prises aux cheveux!
zuniga (avec impatience) Au diable tout ce bavardage! (à Don José) Prenez, José, deux hommes avec vous, Et voyez là-dedans qui cause ce tapage!
(Don José entre dans la manufacture, suivi de deux soldats.)
cigarières (premier groupe) C’est la Carmencita!
cigarières (deuxième groupe) Non, non, ce n’est pas elle!
cigarières (premier groupe) Si fait, c’est elle!
cigarières (deuxième groupe) Pas du tout!
cigarières (premier groupe) Elle a porté les premiers coups!
zuniga Holà! Éloignez-moi toutes ces femmes-là!
cigarières (premier et deuxième groupe) Monsieur! Ne les écoutez pas! Monsieur! Écoutez-nous!
zuniga Holà! Soldats!
(Les soldats font évacuer la place. Cris des femmes. Elles sont malmenées par les soldats et repoussées jusqu’à la tête du pont et une rue à droite. Carmen paraît à l’entrée de la manufacture, amenée par Don José et suivie par deux soldats. Les femmes à droite et à gauche s’échappent et reprennent leur dispute.)
cigarières (premier groupe) C’est la Carmencita Qui porta les premiers coups!
cigarières (deuxième groupe) C’est la Manuelita Qui porta les premiers coups!
cigarières (premier et deuxième groupe) La Carmencita! La Manuelita! Si! Si! Non! Non! Elle a porté les premiers coups!
(Les soldats réussissent enfin à repousser les cigarières. Les femmes sont maintenues à distance par une haie de dragons.)
Scène IXLes mêmes, Carmen. { Dialogue }zuniga Voyons, brigadier… Maintenant que nous avons un peu de silence… Qu’est-ce que vous avez trouvé là-dedans? …
don josé J’ai d’abord trouvé trois cent femmes, criant, hurlant, gesticulant, faisant un tapage à ne pas entendre Dieu tonner… D’un côté, il y en avait une, les quatre fers en l’air, qui criait: «Confession! Confession! Je suis morte…» Elle avait sur la figure un X qu’on venait de lui marquer en deux coups de couteau… en face de la blessée, j’ai vu… Mon officier, c’était une querelle, des injures d’abord, puis à la fin des coups. Une femme blessée.
(Il s’arrête sur un regard de Carmen.)
zuniga Eh bien?… Et par qui?
don josé J’ai vue mademoiselle… Mais par elle!
zuniga Mademoiselle Carmencita?
don josé Oui, mon lieutenant…
zuniga Et qu’est-ce qu’elle disait, mademoiselle Carmencita?
don josé Elle ne disait rien, mon lieutenant, elle serrait les dents et roulait des yeux comme un caméléon.
carmen On m’avait provoquée… Je n’ai fait que me défendre… Monsieur le brigadier vous le dira… (à José) N’est-ce pas, monsieur le brigadier?
don josé (après un moment d’hésitation) Tout ce que j’ai pu comprendre au milieu du bruit, c’est qu’une discussion s’était élevée entre ces deux dames, et qu’à la suite de cette discussion, mademoiselle, avec le couteau dont elle coupait le bout des cigares, avait commencé à dessiner des croix de Saint-André sur le visage de sa camarade… (Le lieutenant regarde Carmen; celle-ci, après un regard à Don José et un très léger haussement d’épaules, est redevenue impassible.) Le cas m’a paru clair. J’ai prié mademoiselle de me suivre… Elle a d’abord fait un mouvement comme pour résister puis elle s’est résignée… et m’a suivi, douce comme un mouton!
zuniga Et la blessure de l’autre femme?
don josé Très légère, mon lieutenant, deux balafres à fleur de peau.
zuniga (à Carmen) Eh bien, la belle, vous avez entendu le brigadier? (à Don José) Je n’ai pas besoin de vous demander si vous avez dit la vérité.
don josé Foi de navarrais, mon lieutenant!
(Carmen se retourne brusquement et regarde encore une fois José.)
zuniga (à Carmen) Eh bien… vous avez entendu?… Avez-vous quelques choses à répondre? Parlez, j’attends… Vous entendez? Que nous répondrez-vouss?
{ n. 9 - Chanson et Mélodrame }carmen (fredonnant) Tra la la la la la la la, Coupe-moi, brûle-moi, Je ne te dirai rien: Tra la la la la la la la. Je brave tout, le feu, Le fer et le ciel même.
zuniga Ce ne sont pas des chansons que je te demande, c’est une réponse. Fais-nous grâce de tes chansons. Et puisque l’on t’a dit de répondre, réponds!
carmen (regardant effrontément Zuniga) Tra la la la la la la la, Mon secret, je le garde Et je le garde bien! Tra la la la la la la la. J’aime un autre et meurs En disant que je l’aime!
zuniga Ah! ah! Nous le prenons sur ce ton-là? Puisque tu le prends sur ce ton, tu chanteras ton air aux murs de la prison. (à Don José) Ce qui est sûr, n’est-ce pas, c’est qu’il y a eu des coups de couteau et que c’est elle qui les a donnés? (À ce moment trois ou quatre femmes réussissent à forcer la ligne des factionnaires et se précipitent sur la scène en criant: «Oui, oui, c’est elle!» Une de ces femmes se trouve près de Carmen. Celle-ci lève la main et veut se jeter sur la femme. Don José arrête Carmen. Les soldats écartent les femmes et les repoussent hors de la scène.) (à Carmen) Eh! Eh! La peste! Vous avez la main leste décidément. (aux soldats) Trouvez-moi une corde.
carmen Tra la la la la la la la…
un soldat (apportant une corde) Voilà, mon lieutenant.
zuniga (à Don José) Prenez, attachez-moi ces deux jolies mains. (Carmen se laisse attacher les mains sans faire la moindre résistance.) C’est dommage vraiment, car elle est gentille… mais si gentille que vous soyez, vous n’en irez pas moins faire un tour à la prison. Vous pourrez y chanter vos chansons de bohémienne… le porte-clefs vous en dira ce qu’il en pense. Je vais écrire l’ordre. (à Don José) C’est vous qui la conduirez.
(Zuniga et les soldats rentrent au poste. Carmen et Don José restent seuls.)
Scène XCarmen, Don José. Un petit moment de silence. Carmen lève les yeux et regarde Don José. Celui-ci se détourne, s’éloigne de quelques pas, puis revient à Carmen qui le regarde toujours. { Dialogue } carmen Où me conduirez-vous?
don josé à la prison et je n’y puis rien faire. J’obeis à mes chefs., ma pauvre enfant…
carmen Hélas! que deviendrai-je? Seigneur officier, ayez pitié de moi… Vous êtes si jeune, si gentil… (José ne répond pas, s’éloigne et revient, toujours sous le regard de Carmen.) Cette corde, comme vous l’avez serrée, cette corde… j’ai les poignets brisés.
don josé (s’approchant de Carmen) Si elle vous blesse, je puis la desserrer… Le lieutenant m’a dit de vous attacher les mains… il ne m’a pas dit… (Il desserre la corde.)
carmen (bas) Laisse-moi m’échapper, je te donnerai un morceau de la bar lachi, une petite pierre qui te fera aimer de toutes les femmes.
(Don José se rie.)
don josé (s’éloignant) Nous ne sommes pas ici pour dire des balivernes… il faut aller à la prison. C’est la consigne, et il n’y a pas de remède.
(Silence.)
carmen Tout à l’heure vous avez dit: foi de navarrais… Vous êtes des Provinces?
don josé Je suis d’Elizondo…
carmen Et moi d’Etchalar…
don josé (s’arrêtant) D’Etchalar!… c’est à quatre heures d’Elizondo, Etchalar.
carmen Oui, c’est là que je suis née… J’ai été emmenée par des bohémiens à Séville. Je travaillais à la manufacture pour gagner de quoi retourner en Navarre près de ma pauvre mère qui n’a que moi pour soutien… On m’a insultée parce que je ne suis pas de ce pays de filous, de marchands d’oranges pourries, et ces coquines se sont mises toutes contre moi parce que je leur ai dit que tous leurs Jacques de Séville avec leurs couteaux ne feraient pas peur à un gars de chez nous avec son béret bleu et son maquila. Camarade, mon ami, ne ferez-vous rien pour une payse?
don josé Vous êtes navarraise, vous?
carmen Sans doute.
don josé Allons donc… il n’y a pas un mot de vrai… vos jeux seuls, votre bouche, votre teint… Tout vous dit bohémienne…
carmen Bohémienne, tu crois?
don josé J’en suis sûr…
carmen Au fait, je suis bien bonne de me donner la peine de mentir… Oui, je suis bohémienne, mais tu n’en Eh bien moi, je sais bien… qu’en dépit de tes chefs eux-mêmes tu feras pas moins tout ce que je te demande veux… Tu le feras parce que tu m’aimes…
don josé Moi t’aimer?
carmen Eh! Oui, José! tu m’aimes… ne me dis pas non, je m’y connais!… tes regards, la façon dont tu me parles. Et cette La fleur que tu as gardée, tu sais, la fleur de la sorcière. Oh! Tu peux la jeter maintenant… cela n’y fera rien. Elle est restée assez de temps sur ton cœur; le charme a opéré…
don josé (avec colère) Ne me parle plus, tu entends! Je te défends de me parler…
carmen C’est très bien, seigneur officier, c’est très bien. Vous me défendez de parler, je ne parlerai plus… { n. 10 - Séguedille et Duo }(Elle regarde Don José qui recule. Il s’arrête près de la fontaine et se baigne la tête dans l’eau froide.) Près des remparts de Séville, Chez mon ami Lillas Pastia, J’irai danser la séguedille Et boire du manzanilla. J’irai chez mon ami Lillas Pastia. Oui, mais toute seule on s’ennuie, Et les vrais plaisirs sont à deux; Donc, pour me tenir compagnie, J’emmènerai mon amoureux! (riant) Mon amoureux… il est au diable… Je l’ai mis à la porte hier! Mon pauvre cœur très consolable, Mon cœur est libre comme l’aire! J’ai des galants à la douzaine, Mais ils ne son pas à mon gré. Voici la fin de la semaine: Qui veut m’aimer? Je l’aimerai! Qui veut mon âme? Elle est à prendre! Vous arrivez au bon moment! Je n’ai guère le temps d’attendre, Car avec mon nouvel amant Près des remparts de Séville, Chez mon ami Lillas Pastia, J’irai danser la séguedille Et boire du manzanilla. Oui, j’irai chez mon ami Pastia!
don josé (durement) Tais-toi! Je t’avais dit de ne pas me parler!
carmen (simplement) Je ne te parle pas, je chante pour moi-même! Et je pense! Il n’est pas défendu de penser! Je pense à certain officier qui m’aime Et qu’à mon tour je pourrais bien aimer!
don josé (ému) Carmen!
carmen (avec intention) Mon officier n’est pas un capitaine, Pas même un lieutenant, il n’est que brigadier; Mais c’est assez pour une bohémienne Et je daigne m’en contenter!
don josé Carmen, je suis comme un homme ivre; Si je cède, si je me livre, Ta promesse, tu la tiendras, Ah! Si je t’aime, Carmen, tu m’aimeras!
carmen Oui.
(Don José délie la corde qui attache les mains de Carmen.)
don josé Chez Lillas Pastia…
carmen Nous danserons… la séguedille…
don josé Tu le promets! Carmen…
carmen En buvant manzanilla.
don josé Tu le promets!
carmen Ah! Prés des remparts de Séville, Chez mon ami Lillas Pastia, Nous danserons la séguedille Et boirons manzanilla. Tra la la la la la la la…
Scène XILes mêmes, Zuniga, soldats. Zuniga sort du poste, suivi des soldats.
{ n. 11 - Final }zuniga (à Don José) Voici l’ordre; partez. Et faites bonne garde.
carmen (bas à Don José) En chemin, je te pousserai Aussi fort que je le pourrai. Laisse-toi renverser… Le reste me regarde. (fredonnant et riant au nez de Zuniga) L’amour est enfant de bohème etc.
(Elle se met en marche avec Don José. Arrivée à l’entrée du pont, Carmen bouscule les soldats, s’échappe et se sauve en riant aux éclats.)
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{ Preludio }
Atto I
Una piazza, a Siviglia. A destra la porta della manifattura di tabacco. Al centro una fontana. Al fondo un ponte praticabile. A sinistra il corpo di guardia.
Scena IMorales, Micaela, soldati, passanti. All’alzarsi del sipario, il brigadiere Morales e i soldati sono raggruppati davanti al corpo di guardia. Movimento di gente che passeggia sulla piazza.
{ n. 1 - Scena e Coro }dragoni Sulla piazza Ognuno passa, Ognuno viene e va: Strana gente, quella là!
morales (con noncuranza) Sulla porta del corpo di guardia, Per ammazzare il tempo, Si fuma, si commenta, si guarda Passare i passanti. Sulla piazza ecc.
dragoni Sulla piazza ecc.
morales Strana gente! (Entra Micaela.) Guardate quella piccina Che sembra volerci parlare… Vedete! Gira… esita…
dragoni Al suo soccorso bisogna andare!
morales (galante, a Micaela) Che cercate, bella mia?
micaela (con semplicità) Io, io cerco un brigadiere.
morales (con enfasi) Eccomi… Eccomi qua!
micaela Il mio brigadiere si chiama Don José. Lo conoscete?
morales (con leggerezza) Don José? Lo conosciamo tutti.
micaela (vivacemente) Davvero? È con voi, per favore?
morales Non è brigadiere nella nostra compagnia.
micaela (delusa) Allora, non c’è?…
morales No, non c’è, mia bella; Ma fra poco ci sarà. Ci sarà, quando la guardia che monta Sostituirà la guardia che smonta.
morales, dragoni Ci sarà, quando la guardia che monta Sostituirà la guardia che smonta.
morales (tutto galante) Ma, attendendo il suo arrivo, Non volete, bimba bella, aver la compiacenza di entrare un momento da noi?
micaela Da voi?
morales, dragoni Da noi!
micaela (abilmente) No no, no no, Grazie tante, signori soldati.
morales Entrate senza timore, tesoro: Vi prometto che avremo Per la vostra personcina Tutti i riguardi possibili.
micaela Non ne dubito, però, È più prudente, tornerò. Tornerò quando la guardia che monta, Sostituirà quella che smonta.
morales, dragoni Dovete restare, perché la guardia monta, Sostituirà quella che smonta.
morales Resterete!
(I soldati circondano Micaela, che cerca di liberarsi.)
micaela No no, no no!
morales, dragoni Resterete!
micaela No no, no no! No! No! No! (sfuggendo loro) Arrivederci, signori soldati!
morales L’uccello vola via… Ci si consola… Riprendiamo il nostro passatempo, E guardiamo passare la gente.
dragoni Sulla piazza ecc.
morales Strana gente!
{ n. 2 - Scena e Pantomima }(Fra la gente che viene e va, un vecchio che dà il braccio a una giovane signora. Egli vorrebbe continuar la passeggiata; ma la giovane fa tutto il possibile per trattenerlo sulla piazza. Sembra inquieta, emozionata. Guarda a destra e a sinistra.)
Attenzione! Ssst! Attenzione!… Silenzio!… Ecco giungere un vecchio marito, Sguardo sospettoso, aria gelosa!… Si tiene al braccio la giovane sposa… L’amante, certo, non è lontano; Verrà fuori da qualche angolino!
morales, dragoni L’amante, certo, non è lontano; Verrà fuori da qualche angolino!
(A questo punto, un giovane entra rapido in piazza. Tutta questa pantomima deve proseguire esattamente come nelle parole di Morales che ne indica tutti i movimenti.)
morales (ridendo) Ah! ah! ah! ah! Eccolo là!
dragoni (ridendo) Ah! ah! ah! ah! Eccolo là!
morales Eccolo, ah! Eccolo! Sì, eccolo là!
morales, dragoni Vediamo cosa succederà!
morales (imitando il giovanotto) Trovarvi qui, che gioia! (imitando il vecchio marito) Servo vostro. (il giovanotto) Lui saluta, parla con grazia, (il vecchio marito) Il vecchio marito fa la faccia scura; (imitando la dama) Ma, con un’aria molto incoraggiante, La dama accoglie il corteggiatore! Fanno insieme qualche passo. Il nostro innamorato, alzando il braccio, Fa vedere al marito qualche cosa, E il marito, sempre imbronciato, Guarda in aria… Il gioco è fatto! Poiché la signora ha preso il biglietto! Ed ecco! ah! ah! Si vede cosa succederà!
morales, dragoni Si vede cosa succederà! Ah! ah! ah! ah!
Scena IIGli stessi, Don José, Zuniga. { n. 3 - Coro dei monelli }Si sente da lontano una marcia militare. Squillo di tromba in scena. I soldati si allineano in fila davanti al posto di guardia. Appare la guardia che monta; prima una tromba e un piffero; poi una banda di monelli. Dietro ai bambini, il tenente Zuniga e il brigadiere Don José, poi i dragoni. Durante il coro dei monelli, la guardia che monta va a mettersi di fronte a quella che smonta.
monelli Con la guardia che monta, Arriviamo, eccoci qua! Suona, tromba squillante! Ta ra ta ta, ta ra ta ta. Noi marciamo, a testa alta, Come piccoli soldati, Segnando, senza sbagliare, (gridato) Un, due, segnando il passo. Le spalle indietro E il petto in fuori, Le braccia così, dritte lungo il corpo. Con la guardia che monta ecc.
(Gli ufficiali si salutano con la spada e si mettono a parlare a bassa voce. Cambio di sentinelle.)
morales (a Don José) C’è una bella ragazza che è venuta A chiedere di te. Mi hanno detto che sarebbe tornata…
don josé Una ragazza?…
morales Sì, e ben vestita, gonna turchina, Trecce sulle spalle…
don josé È Micaela. Non può essere che Micaela.
morales Non ha detto il suo nome.
(Partenza della guardia che smonta. I monelli riprendono dietro alla tromba e al piffero della guardia che smonta il posto che occupavano dietro alle trombe e ai pifferi della guardia che montava.)
monelli ... E la guardia che smonta Rientra e se ne va. Suona, tromba squillante ecc.
(L’ufficiale di guardia che monta ha passato in rivista gli uomini. Al suo segnale, i dragoni rompono le file e rientrano nel corpo di guardia.)
Scena IIIZuniga, Don José. { Dialogo }zuniga Ehi, brigadiere!
don josé (alzandosi) Comandi, tenente.
zuniga Sono nel reggimento solo da due giorni, e non ero mai venuto a Siviglia. Cos’è quel grande edificio?
È la manifattura di tabacchi…
zuniga Sono donne, quelle che ci lavorano?
don josé Sì, signor tenente. Adesso non ci sono; torneranno fra poco, dopo il pranzo. E vi dico che ce ne sarà di gente, allora, per vederle passare.
zuniga Sono in molte?
don josé In fede mia, saranno in quattro o cinquecento ad arrotolare sigari in uno stanzone…
zuniga Deve essere curioso.
don josé Sì, ma gli uomini non possono entrare in quella stanza senza un permesso speciale…
zuniga Ah!
don josé Perché, quando fa caldo, le operaie si mettono a loro agio, soprattutto le giovani.
zuniga E ce ne sono di giovani?
don josé Certo, tenente.
zuniga E di belle?
don josé (ridendo) Credo di sì… Ma, a dirvi la verità, e anche se sono stato qui di guardia già molte volte, non ne sono proprio sicuro, poiché non le ho mai guardate molto…
zuniga Ma non è possibile!…
don josé Che volete?… Queste andaluse mi fanno paura. Non riesco ad abituarmi ai loro modi, sempre beffarde… Mai una parola sensata…
zuniga E poi abbiamo un debole per le gonne turchine, e per le trecce sulle spalle…
don josé (ridendo) Ah! Il signor tenente ha sentito quel che mi diceva Morales?…
zuniga Sì…
don josé Non lo nego… la gonna turchina, le trecce… è il costume della Navarra… mi ricorda il paese…
zuniga Siete navarrese?
don josé E cristiano di pura schiatta. Don José Lizzarrabengoa è il mio nome… Mi volevano uomo di chiesa, e mi hanno fatto studiare. Ma non ne traevo profitto, mi piaceva troppo giocare alla pelota… Un giorno che avevo vinto, un giovane dell’Alava mi provoca; lo batto, ma devo lasciare il paese. Così mi feci soldato! Non avevo più mio padre; mia madre mi seguì e venne ad abitare a dieci leghe da Siviglia… con la piccola Micaela… è un’orfana che mia madre ha raccolto, e che non ha voluto separarsi da lei…
zuniga E che età ha la piccola Micaela?
don josé Diciassette anni…
zuniga Bisognava dirlo subito… Adesso capisco perché non mi potete dire se le operaie della manifattura sono belle o brutte…
(Si sente suonare la campana della manifattura.)
don josé Ecco la campana che suona, tenente, e voi potrete giudicare da solo… Quanto a me, mi farò una catena per attaccarci la mia spilletta.
Scena IVGli stessi, sigaraie, giovanotti, popolani, soldati. Don José si siede e resta là indifferente a tutto questo andirivieni, lavorando alla sua catena. Entrano giovanotti, popolani e soldati. La campana si ferma.
{ n. 4 - Coro delle sigaraie }giovanotti La campana ha suonato; noi, delle operaie Qui veniamo a osservare il ritorno; E vi seguiremo, brune sigaraie, Mormorandovi frasi d’amore!
(Appaiono le sigaraie, sigarette in bocca e scendono lentamente in scena.)
popolani Guardatele! Sguardi impudenti, Aria da civetta! Fumando tutte con la punta dei denti La sigaretta.
sigaraie Nell’aria seguiamo con gli occhi Il fumo, Che sale verso il cielo, Sale, denso di profumo. Va pian piano Alla testa, Vi mette pian piano L’anima in festa! Le dolci parole degli amanti, È tutto fumo! I loro trasporti e giuramenti, È tutto fumo! Nell’aria seguiamo ecc.
popolani (alle sigaraie) Senza fare le crudeli, Ascoltateci, belle, Voi che adoriamo, Che idolatriamo!
sigaraie (ricominciando e ridendo) Le dolci parole ecc.
popolani Voi che amiamo, Ascoltateci, belle! Ma non vediamo la Carmencita!
Scena VGli stessi, Carmen.
{ n. 5 - Scena e Habanera }Entrata di Carmen.
giovanotti Eccola! Eccola!
sigaraie, giovanotti, popolani Eccola! Ecco la Carmencita!
giovanotti (a Carmen) Carmen! Eccoci tutti qui a seguirti! Carmen! Sii gentile; almeno rispondici, E di’ quando ci amerai! Carmen, di’ quando ci amerai!
carmen (dopo aver lanciato un’occhiata rapida a Don José; con allegria) Quando vi amerò? Non so davvero… Forse mai!… Forse domani!… (risoluta) Ma non oggi, no, di certo. L’amore è un uccello selvatico Che nessuno può addomesticare, E invano lo si chiama, Se gli va di rifiutare. Nulla vale, minaccia o preghiera; L’uno parla bene, l’altro tace; Ed è l’altro che preferisco, Non ha detto niente; ma mi piace.
sigaraie, giovanotti, popolani L’amore è un uccello selvatico ecc.
carmen L’amore! L’amore è zingaro, Non ha mai, mai conosciuto legge, Se tu non m’ami, io ti amo; Se t’amo, sta’ attento a te!
sigaraie, giovanotti, popolani Sta’ attento a te!
carmen Se tu non m’ami, io ti amo!
sigaraie, giovanotti, popolani Sta’ attento a te!
carmen Ma se t’amo, sta’ attento a te!
sigaraie, giovanotti, popolani L’amore è zingaro ecc.
carmen L’uccello che credevi di sorprendere Batté le ali e volò via; L’amore è lontano, lo puoi attendere; Non lo attendi più, ed eccolo! Intorno a te in fretta, in fretta, Viene, se ne va, poi ritorna; Credi di averlo, ti evita; Credi di evitarlo, ti ha preso!
sigaraie, giovanotti, popolani Intorno a te in fretta, in fretta ecc.
carmen L’amore! L’amore è zingaro ecc. (c.s.)
{ n. 6 - Scena }giovanotti (a Carmen) Carmen! Eccoci tutti qui a seguirti! Carmen! Sii gentile, almeno rispondici! O Carmen! Sii gentile, almeno rispondici!
(I giovanotti circondano Carmen. Questa li guarda, poi guarda Don José. Esita… Sembra dirigersi verso la manifattura… Poi torna sui suoi passi e va dritta verso Don José che è sempre occupato con la sua spilletta.)
carmen Ehi! Compare, cosa stai facendo?…
don josé Faccio una catena di filo d’ottone, una catena per attaccarci la mia spilletta…
carmen (ridendo) La tua spilletta, davvero!… La tua spilletta… spillettaio dell’anima mia!…
(Dicendo queste parole si strappa dal corsetto un fiore di gaggìa e lo lancia a Don José. Carmen scappa di corsa.)
sigaraie (ridendo frivolamente e circondando Don José) L’amore è zingaro ecc.
(Scoppio di risa generale. La campana della manifattura suona una seconda volta. Uscita delle operaie, dei giovanotti e dei popolani. I soldati rientrano al posto di guardia. Don José resta solo.)
Scena VIDon José solo. { Dialogo }don josé Che cosa vogliono dire, quei modi?… Che sfrontatezza!… (sorridendo) Tutto questo perché non facevo attenzione a lei!… Allora, come fan sempre le donne e i gatti che non vengono quando li chiami e vengono quando non li chiami, lei è venuta… (Guarda il fiore di gaggìa che è in terra, ai suoi piedi. Lo raccoglie.) Con quanta abilità me l’ha gettato, questo fiore… Qui, proprio in mezzo agli occhi… Mi ha fatto l’effetto di un proiettile… (Respira il profumo del fiore.) Com’è forte!… certo che, se esistono le streghe, quella ragazza è una di loro.
(Entra Micaela.)
Scena VIIDon José, Micaela.
micaela Signor brigadiere? José!
don josé (nascondendo precipitosamente il fiore di gaggìa) Cosa?… che c’è?… Micaela!… Sei tu…
micaela Sono io… Eccomi!
don josé E vieni da laggiù? Che gioia!
micaela E vengo da laggiù… mi manda vostra madre…
don josé Mia madre! { n. 7 - Duetto }(commosso) Parlami di mia madre!
micaela (con semplicità) Reco da parte sua, fedele messaggera, Questa lettera…
don josé (con gioia) Una lettera!
micaela Una lettera! e anche un po’ di denaro Da aggiungere al vostro soldo. (esitante) E poi…
don josé E poi?…
micaela E poi… davvero, non oso!… E poi… e poi un’altra cosa ancora Che vale più del denaro… e che, per un buon figlio, Sarà sicuramente più preziosa.
don josé Quest’altra cosa, qual è? Parla, su…
micaela Sì, parlerò. Ciò che mi è stato dato, ve lo darò. Vostra madre usciva con me dalla cappella, E fu allora che abbracciandomi: Ti metterai in cammino, mi disse, verso la città; La strada non è lunga, una volta a Siviglia Cercherai mio figlio, il mio José, il mio ragazzo! E gli dirai che sua madre Pensa notte e giorno all’assente, Rimpiange e spera, Perdona e aspetta. Tutto questo, vero?, cara, Da parte mia tu gli dirai; E questo bacio che ti do, Da parte mia gli renderai!
don josé (molto commosso) Un bacio di mia madre!
micaela Un bacio per suo figlio! (con semplicità) José, come ho promesso, ve lo rendo! (Bacia Don José.)
don josé (con emozione) Vedo mia madre!… Sì, rivedo il mio villaggio! Ricordi di un tempo, Dolci ricordi del paese! O cari ricordi! Voi mi riempite il cuore di forza e di coraggio! O cari ricordi! Vedo mia madre, Rivedo il mio villaggio!
micaela Rivede sua madre! Rivede il suo villaggio! O ricordi di un tempo! Ricordi del paese! Voi gli riempite il cuore di forza e di coraggio. O cari ricordi! Vede sua madre, Rivede il suo villaggio!
don josé Chissà di quale demone stavo per essere preda! (raccolto) Anche da lontano, mia madre mi difende. E il bacio che mi manda, (con slancio) Questo bacio che mi manda, Allontana il pericolo e salva suo figlio!
micaela Quale demone? Quale pericolo? (con vivacità) Non capisco bene… Che vuol dire tutto ciò?
don josé Niente! niente! Parliamo di te, messaggera; Tornerai al paese?
micaela Sì, stasera stessa: domani vedrò vostra madre!
don josé (vivacemente) Tu la vedrai! Ebbene! le dirai: Che suo figlio l’ama e la venera, E che oggi si pente: Vuole che sua madre laggiù Sia contenta di lui! Tutto questo, vero?, cara, Da parte mia tu le dirai; E questo bacio che ti do, Da parte mia le renderai! (Bacia Micaela.)
micaela (con semplicità) Sì, ve lo prometto… da parte di suo figlio, José, glielo renderò come ho promesso.
don josé Vedo mia madre ecc.
micaela Rivede sua madre ecc. { Dialogo }don josé Aspetta un momento ora… leggo la sua lettera…
micaela Aspetterò, signor brigadiere, aspetterò…
don josé (baciando la lettera prima di cominciare a leggere) Ah! (leggendo) «Continua a comportarti bene, figlio mio! Ti hanno promesso di farti maresciallo d’alloggio. Forse allora potrai lasciare il servizio, farti dare un posticino e tornare da me. Comincio davvero a invecchiare. Torneresti vicino a me e ti sposeresti… Non faremmo molta fatica, penso, a trovarti una moglie, e quanto a me, so bene chi ti consiglierei di scegliere: proprio quella che ti porta la mia lettera… Non ve n’è una migliore, e più bella…»
micaela (interrompendolo) È meglio che io non stia qua!…
don josé Perché mai?
micaela (turbata) Mi è appena venuto in mente che vostra madre mi ha incaricato di fare alcune piccole spese: me ne occupo subito.
don josé Aspetta un momento, ho finito…
micaela Finirete quando non sarò più qua…
don josé Ma la risposta?…
micaela Verrò a prenderla prima della mia partenza e la porterò a vostra madre… Addio.
don josé Micaela!
micaela No, no… Ritornerò, preferisco così… ritornerò, ritornerò… (Esce.)
Scena VIIIDon José, poi le operaie, Zuniga, soldati.
don josé (leggendo) «Non ve n’è una migliore, e più bella… soprattutto non ve n’è una che ti ami più di lei… e se tu volessi…» Sì, madre mia, sì, farò quel che desideri tu… sposerò Micaela, e quanto a quella zingara, con i suoi fiori stregati…
(Nel momento in cui sta per strapparsi i fiori dalla giubba, un gran rumore si leva dall’interno della manifattura). { n. 8 - Coro }(Grida dalle quinte.)
zuniga (uscendo dal posto di guardia, seguito dai soldati) Ebbene! Ebbene! cosa succede? (Le sigaraie escono rapidamente e in disordine.)
sigaraie (primo gruppo) Aiuto! Aiuto! Non sentite?
Aiuto! aiuto! signori soldati!
sigaraie (primo gruppo) È la Carmencita!
sigaraie (secondo gruppo) No, no, non è lei!
sigaraie (primo gruppo, a Zuniga) È lei! sì, è lei! È lei che ha colpito per prima! Non ascoltatele! Signore! Ascoltate noi!
sigaraie (secondo gruppo, a Zuniga) Non ascoltatele! Signore! Ascoltate noi! (tirando Zuniga dalla loro parte) La Manuelita diceva E ripeteva a voce alta Che avrebbe comprato di certo Un asino che le piaceva.
sigaraie (primo gruppo, stessa manovra) Allora la Carmencita, Irridente come al solito, Disse: «Un asino per cosa? Ti basterà una scopa!»
sigaraie (secondo gruppo) Manuelita ribatté E disse alla compagna: «Per una certa passeggiata, Ti servirà il mio asino!»
sigaraie (primo gruppo) «E quel giorno, potrai Fare la superba quanto vorrai, Due lacchè ti seguiranno Facendoti le feste.»
sigaraie (primo e secondo gruppo) E a questo punto, tutt’e due Si son prese per i capelli!
zuniga (con impazienza) Al diavolo tutte queste chiacchiere! (a Don José) Prendete due uomini, José, E andate a vedere là dentro, la causa di questo scompiglio!
(Don José penetra nella manifattura, seguito da due soldati.)
sigaraie (primo gruppo) È la Carmencita!
sigaraie (secondo gruppo) No, no, non è lei!
sigaraie (primo gruppo) Invece sì, è lei!
sigaraie (secondo gruppo) Proprio no!
sigaraie (primo gruppo) Ha colpito lei per prima!
zuniga Olà! Allontanatemi tutte queste donne!
sigaraie (primo e secondo gruppo) Signore! Non le ascoltate! Signore! Ascoltate noi!
zuniga Olà! Soldati!
(I soldati fanno evacuare la piazza. Grida di donne. Sono malmenate dai soldati e respinte fino alla testa del ponte e a una strada a destra. Sull’entrata della manifattura compare Carmen condotta da Don José e seguita da due soldati. Le donne a destra e a sinistra sfuggono e riprendono la loro disputa.)
sigaraie (primo gruppo) È la Carmencita Che ha colpito per prima!
sigaraie (secondo gruppo) È la Manuelita Che ha colpito per prima!
sigaraie (primo e secondo gruppo) La Carmencita! La Manuelita! Sì! Sì! No! No! Lei ha colpito per prima!
(I soldati riescono infine a respingere le sigaraie. Le donne sono tenute a distanza da una barriera di dragoni.)
Scena IXGli stessi, Carmen. { Dialogo }zuniga Vediamo, brigadiere… Ora che abbiamo un po’ di silenzio… Cosa avete trovato là dentro?…
don josé Ho trovato innanzitutto trecento donne che gridavano, urlavano, gesticolavano, facevano un chiasso tale da non far sentire neanche il tuono di Dio… Da una parte, ce n’era una, zampe in aria, che gridava: «Confessione! confessione! sono morta…» Aveva sulla faccia una X che le avevano appena fatto con due colpi di coltello… di fronte alla donna ferita, ho visto… Ufficiale, c’è stata una lite, prim’ancora degli oltraggi, e alla fine dei colpi. Una donna ferita.
(Si ferma, a uno sguardo di Carmen.)
zuniga Ebbene?… E da chi?
don josé Ho visto la signorina... Ma da lei!
zuniga La signorina Carmencita?
don josé Sì, signor tenente…
zuniga E che cosa diceva, la signorina Carmencita?
don josé Non diceva nulla, signor tenente, stringeva i denti e roteava gli occhi come un camaleonte.
carmen Mi avevano provocato… Non ho fatto che difendermi… Il signor brigadiere ve lo dirà… (a José) Non è vero, signor brigadiere?
don josé (dopo un momento di esitazione) Tutto quello che ho potuto capire in mezzo al rumore è che era scoppiata una discussione fra queste due signore, e che in seguito a questa discussione, la signorina, con il coltello che le serve a tagliare la punta dei sigari, aveva cominciato a disegnare delle croci di Sant’Andrea sulla faccia della compagna… (Il tenente guarda Carmen; costei, dopo aver guardato Don José e aver fatto spallucce, è ridiventata impassibile.) Il caso mi è sembrato chiaro. Ho pregato la signorina di seguirmi… Dapprima ha fatto un gesto come per far resistenza… poi si è rassegnata… e mi ha seguito, mite come un agnello!
zuniga E la ferita dell’altra donna?
don josé Leggerissima, signor tenente, due sfregi a fior di pelle.
zuniga (a Carmen) Allora, bella mia, avete sentito il brigadiere? (a Don José) Non ho bisogno di domandarvi se avete detto la verità.
don josé Parola di navarrese, signor tenente!
(Carmen si gira bruscamente e guarda ancora una volta José.)
zuniga (a Carmen) Ebbene… avete sentito?… Avete qualcosa da dire in risposta? Parlate, sto aspettando… Avete sentito? Che cosa ci rispondereste?
{ n. 9 - Canzone e Melologo }carmen (canticchiando) Tra la la la la la la là, Spezzami, bruciami, Nulla ti dirò: Tra la la la la là, Io sfido tutto il fuoco, Il ferro e il cielo stesso.
zuniga Non ti ho chiesto delle canzoni, ma una risposta. Risparmiaci le tue canzoni. Giacché t’ho detto di rispondere, rispondi!
carmen (guardando sfrontatamente Zuniga) Tra la la la la la la là, Il mio segreto, lo serbo E lo serbo al sicuro! Tra la la la la la la là. Amo un altro e muoio Dicendo che lo amo!
zuniga Ah! ah! la prendiamo su questo tono? Visto che la prendi su questo tono, canterai ai muri della prigione. (a Don José) Quel che è certo, non è vero?, è che ci sono state delle coltellate, e che è stata lei a darle? (In questo momento, tre o quattro donne riescono a forzare lo sbarramento dei soldati e si precipitano sulla scena gridando: «Sì, sì, è lei!» Una delle donne si trova vicino a Carmen. Questa alza la mano e sta per gettarsi sulla donna. Don José ferma Carmen. I soldati allontanano le donne e le respingono fino a farle uscire di scena.) (a Carmen) Eh! eh! Accidenti! Siete decisamente svelta di mano. (ai soldati) Trovatemi una corda.
carmen Tra la la la la la la là…
un soldato (portando una corda) Ecco, signor tenente.
zuniga (a Don José) Prendete, legatemi queste due belle manine. (Carmen si lascia legare le mani senza fare la minima resistenza.) È proprio un peccato, perché è carina… ma, per quanto siate carina, non potrete evitare di fare una passeggiata alla prigione. Là potrete cantare le vostre canzoni da zingara… il secondino vi dirà cosa ne pensa. Vado a scrivere l’ordine. (a Don José) La condurrete voi.
(Zuniga e i soldati rientrano al posto di guardia. Carmen e Don José restano soli.)
Scena XCarmen e Don José. Un attimo di silenzio. Carmen alza gli occhi e guarda Don José. Questi si scosta, si allontana di qualche passo, poi ritorna da Carmen che lo guarda sempre.
{ Dialogo } carmen Dove mi condurrete?
don josé In prigione e non ci posso far nulla. Eseguo gli ordini., mia povera bambina…
carmen Ahimè! che sarà di me? Signor ufficiale, abbiate pietà di me… Siete così giovane, così buono… (José non risponde, si allontana e ritorna sempre sotto lo sguardo di Carmen.) Questa corda, come l’avete stretta, questa corda… ho i polsi spezzati.
don josé (avvicinandosi a Carmen) Se vi fa male posso allentarla… Il tenente mi ha detto di legarvi le mani… non mi ha detto…
(Allenta la corda.)
carmen (a bassa voce) Lasciami scappare, ti darò un pezzo della bar lachi, una pietruzza che ti farà amare da tutte le donne.
(Don José ride.)
don josé (allontanandosi) Non siamo qui per dire sciocchezze… bisogna andare in prigione. Questi sono gli ordini, e non c’è rimedio.
(Silenzio.)
carmen Un momento fa avete detto: parola di Navarrese... Siete delle Province?
don josé Io sono di Elizondo...
carmen E io di Etchalar…
don josé (fermandosi) Di Etchalar!… è a quattro ore da Elizondo, Etchalar.
carmen Sì, è là che sono nata… Sono stata portata a
Siviglia dagli zingari. Lavoravo alla manifattura per guadagnare il
necessario per tornare
don josé Voi siete navarrese, voi?
carmen Certo.
don josé Ma no… non c’è niente di vero… bastano i vostri occhi, la bocca, la pelle… tutto dice che siete zingara…
carmen Zingara, credi?
don josé Ne sono sicuro…
carmen Certo, sono troppo buona a prendermi la pena di mentire… Sì, sono zingara, ma Io stessa so bene… che a dispetto dei tuoi comandanti tu farai lo stesso tutto quello che ti chiedo voglio… Lo farai perché mi ami…
don josé Io amarti?
carmen Eh! Sì, José! tu mi ami!… non dirmi di no, lo capisco bene, io!… i tuoi sguardi, il modo con cui mi parli. E questo Il fiore che hai conservato, sai, quello della strega,. Oh! puoi gettarlo adesso… non cambia niente. È rimasto abbastanza sul tuo cuore; l’incantesimo è fatto…
don josé (con rabbia) Non parlarmi più, hai capito! ti proibisco di parlarmi…
carmen Molto bene, signor ufficiale, molto bene. Voi mi proibite di parlare, e io non parlerò più… { n. 10 - Seguidilla e Duetto }(Guarda Don José, che indietreggia. Si ferma presso la fontana e si bagna la testa nell’acqua fredda.) Presso i bastioni di Siviglia, Dal mio amico Lillas Pastia, Andrò a danzar la seguidilla E a bere manzanilla. Andrò dal mio amico Lillas Pastia. Sì, ma da sola ci si annoia, E i veri piaceri sono a due; Così, per farmi compagnia, Ci porterò il mio amore! (ridendo) L’amore mio… è andato al diavolo… L’ho messo ieri alla porta… Il mio povero cuore tanto consolabile, Il mio cuore è libero come l’aria! D’innamorati ne ho a dozzine, Ma non sono quelli che piacciono a me. Ecco la fine della settimana: Chi vuole amarmi? Io l’amerò! Chi vuole l’anima mia? È lì da prendere! Arrivate al momento buono! Non ho il tempo di aspettare, Poiché con il mio nuovo amante Presso i bastioni di Siviglia, Dal mio amico Lillas Pastia Andrò a danzar la seguidilla E a bere manzanilla. Sì, andrò dal mio amico Pastia!
don josé (con durezza) Taci! Ti avevo detto di non parlarmi!
carmen (semplicemente) Non ti parlo, canto per me sola! E penso! Non è proibito pensare! Penso a un certo ufficiale che mi ama E che a mia volta potrei forse amare!
don josé (commosso) Carmen!
carmen (con intenzione) Il mio ufficiale non è un capitano, E neppure un tenente, è solo un brigadiere; Ma per una zingara è abbastanza E ho la bontà di accontentarmi!
don josé Carmen, sono come ubriaco; Se cedo, se mi concedo, La tua promessa, la manterrai, Ah! se ti amo, Carmen, tu mi amerai!
carmen Sì.
(Don José scioglie la corda che tiene legate le mani di Carmen.)
don josé Da Lillas Pastia…
carmen Noi danzeremo… la seguidilla…
don josé Lo prometti! Carmen…
carmen Bevendo manzanilla.
don josé Lo prometti!…
carmen Ah! Presso i bastioni di Siviglia, Dal mio amico Lillas Pastia, Noi danzeremo la seguidilla E berremo manzanilla. Tra la la la la la la là…
Scena XIGli stessi, Zuniga, soldati. Zuniga esce dal posto di guardia, seguito dai soldati.
{ n. 11 - Finale }zuniga (a Don José) Ecco l’ordine; partite. E fate buona guardia.
carmen (a Don José) In cammino, ti spingerò Più forte che potrò. Làsciati rovesciare… Il resto è affar mio. (canticchiando e ridendo sotto il naso di Zuniga) L’amore è zingaro ecc.
(Si mette in cammino con Don José. Arrivata all’ingresso del ponte, Carmen dà una spinta ai soldati, fugge e si sottrae ridendo a crepapelle.)
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{ Entr’acte }
Acte II
Chez Lillas Pastia, une taverne. Au lever du rideau, Carmen, Frasquita et Mercédès sont à table avec les officiers. Danse de bohémiennes accompagnée par des bohémiens raclant de guitare et jouant du tambour de basque.
Scène ICarmen, Mercédès, Frasquita, Zuniga, Moralès, Pastia, bohémiennes et bohémiens. (La danse cesse.) { n. 12 - Chanson bohème }carmen Les tringles des sistres tintaient Avec un éclat métallique, Et sur cette étrange musique Les zingarellas se levaient. Tambours de basque allaient leur train, Et les guitares forcenées Grinçaient sous des mains obstinées, Même chanson, même refrain! Tra la la la… (Danse.)
mercédès, frasquita, carmen Tra la la la… (La danse cesse.)
carmen Les anneaux de cuivre et d’argent Reluisaient sur les peaux bistrées; D’orange ou de rouge zébrées, Les étoffes flottaient au vent. La danse au chant se mariait, D’abord indécise et timide, Plus vive ensuite et plus rapide… Cela montait, montait, montait! Tra la la la… (Danse.)
mercédès, frasquita, carmen Tra la la la… (La danse cesse.)
carmen Les bohémiens, à tour de bras, De leurs instruments faisaient rage, Et cet éblouissant tapage Ensorcelait les zingaras. Sous le rythme de la chanson, Ardentes, folles, enfiévrées, Elles se laissaient, enivrées, Emporter par le tourbillon! Tra la la la…
mercédès, frasquita, carmen Tra la la la… (Carmen, Frasquita et Mercédès se mêlent à la danse.)
{ Dialogue }(Avec les dernières notes de l’orchestre, Carmen vient tomber haletante sur un banc de la taverne. Après la danse, Lillas Pastia se met à tourner autour des officiers, d’un air embarrassé.)
zuniga Vous avez quelque chose à nous dire, maître Lillas Pastia?
pastia Mon Dieu, messieurs…
moralès Parle, voyons…
pastia Il commence à se faire tard… et je suis, plus que personne, obligé d’observer les règlements. Monsieur le corrégidor étant assez mal disposé à mon égard… je ne sais pas pourquoi il est mal disposé…
zuniga Je le sais très bien, moi. C’est parce que ton auberge est le rendez-vous ordinaire de tous les contrebandiers de la province.
pastia Que ce soit pour cette raison ou pour une autre, je suis obligé de prendre garde… or, je vous le répète, il commence à se faire tard. moralès Cela veut dire que tu nous mets à la porte!…
pastia Oh! Non, messieurs les officier… oh! Non… je vous fais seulement observer que mon auberge devrait être fermée depuis dix minutes…
zuniga Dieu sait ce qui s’y passe dans ton auberge, une fois qu’elle est fermée…
pastia Oh! Mon lieutenant…
zuniga Enfin! Nous avons encore, avant l’appel, le temps d’aller passer une heure au théâtre… vous y viendrez avec nous, n’est-ce pas, les belles?
(Pastia fait signe aux bohémiennes de refuser.)
frasquita Non, messieurs les officiers, non, nous restons ici, nous.
zuniga Comment, vous ne viendrez pas…
mercédès C’est impossible….
moralès Mercédès!
mercédès Je regrette…
moralès Frasquita!
frasquita Je suis désolée…
zuniga Mais toi, Carmen… je suis bien sûr que tu ne refuseras pas…
carmen C’est ce qui vous trompe, mon lieutenant… je refuse, et encore plus nettement qu’elles deux, si c’est possible…
(Pendant que Zuniga parle à Carmen, Moralès et les deux autres lieutenants essaient de fléchir Frasquita e Mercédès.)
zuniga Tu m’en veux?
carmen Pourquoi vous en voudrais-je?
zuniga Parce qu’il y a un mois j’ai eu la cruauté de t’envoyer à la prison…
carmen (comme si elle ne se rappelait pas) À la prison?
zuniga J’étais de service, je ne pouvais pas faire autrement.
carmen (même jeu) À la prison… je ne me souviens pas d’être allée à la prison…
zuniga Je le sais, pardieu, bien que tu n’y es pas allée… le brigadier qui était chargé de te conduire ayant jugé à propos de te laisser échapper… et de se faire dégrader et emprisonner pour cela…
carmen Dégrader et emprisonner?…
zuniga Mon Dieu, oui!… on n’a pas voulu admettre qu’une aussi petite main ait été assez forte pour renverser un homme…
carmen Oh!
zuniga Cela n’a pas paru naturel…
carmen Et ce pauvre garçon est redevenu simple soldat?
zuniga Oui… et il a passé un mois en prison…
carmen Mais il en est sorti?…
zuniga Depuis hier seulement!
carmen (faisant claquer ses castagnettes) Tout est bien, puisqu’il est sorti, tout est bien.
zuniga À la bonne heure, tu te consoles vite…
carmen (à part) Et j’ai raison… (haut) Si vous m’en croyez, vous ferez comme moi; vous voulez nous emmener, nous ne voulons pas vous suivre… vous vous consolerez…
moralès Il faudra bien!
(La scène est interrompue par un chœur chanté dans la coulisse.) { n. 13 - Chœur }amis d’escamillo Vivat! Vivat le toréro! Vivat! Vivat Escamillo! Vivat! Vivat!
{ Dialogue }zuniga Qu’est-ce que c’est ça?
mercédès Une promenade aux flambeaux…
moralès Et qui promène-t-on?
frasquita Je le reconnais… c’est Escamillo… un toréro qui s’est fait remarquer aux dernières courses de Grenade et qui promet d’égaler la gloire de Montez et de Pepe Illo…
moralès Pardieu, il faut le faire venir… nous boirons en son honneur!
zuniga C’est cela, je vais l’inviter. (Il va à la fenêtre.) Monsieur le toréro… voulez-vous nous faire l’amitié de monter ici? Vous y trouverez des gens qui aiment fort tous ceux qui, comme vous, ont de l’adresse et du courage… (quittant la fenêtre) Il vient…
pastia (suppliant) Messieurs les officiers, je vous avais dit…
zuniga Ayez la bonté de nous laisser tranquilles, maître Lillas Pastia, et faites-nous apporter de quoi boire…
(Entrée d’Escamillo et des amis.)
zuniga, amis d’escamillo, frasquita, mercédès, carmen, moralès Vivat! Vivat le toréro! Vivat! Vivat Escamillo! Vivat! Vivat!
Scène IILes mêmes, Escamillo et ses amis. { Dialogue }zuniga Ces dames et nous, vous remercions d’avoir accepté notre invitation; nous n’avons pas voulu vous laisser passer sans boire avec vous au grand art de la tauromachie…
escamillo Messieurs les officiers, je vous remercie. { n. 14 - Couplets }Votre toast, je peux vous le rendre, Séñors, car avec les soldats, Oui, les toréros peuvent s’entendre: Pour plaisirs, ils ont les combats! Le cirque est plein, c’est jour de fête! Le cirque est plein du haut en bas; Les spectateurs, perdant la tête, S’interpellent à grand fracas! Apostrophes, cris et tapage Poussés jusques à la fureur! Car c’est la fête des gens de chœur! Allons! En garde! Ah! (avec fatuité) Toréador, en garde! Toréador! Toréador! Et songe bien, oui, songe en combattant Qu’un œil noir te regarde Et que l’amour t’attend. Toréador, l’amour t’attend!
zuniga, amis d’escamillo, frasquita, mercédès, carmen, moralès, escamillo Toréador, en garde etc.
(Entre les deux couplets Carmen remplit le verre d’Escamillo.)
escamillo Tout d’un coup, on fait silence… On fait silence… Ah! Que se passe-t-il? Plus de cris, c’est l’instant! Le taureau s’élance En bondissant hors du toril! Il s’élance! Il entre, il frappe!… un cheval roule, Entraînant un picador. «Ah! Bravo! Toro!» hurle la foule, Le taureau va… il vient… il vient et frappe encor! En secouant ses banderilles, Plein de fureur, il court! Le cirque est plein de sang! On se sauve, on franchit les grilles! C’est ton tour maintenant! Allons! En garde! Ah! (avec fatuité) Toréador, en garde etc.
zuniga, amis d’escamillo, frasquita, mercédès, carmen, moralès, escamillo Toréador, en garde etc.
mercédès L’amour!
escamillo L’amour!
frasquita L’amour!
escamillo L’amour!
carmen (regardant Escamillo) L’amour!
escamillo (regardant Carmen) L’amour!
zuniga, amis d’escamillo, frasquita, mercédès, carmen, moralès, escamillo Toréador, l’amour t’attend! { Dialogue }(On boit, on échange des poignées de main avec le toréro.)
pastia Messieurs les officiers, je vous en prie.
zuniga C’est bien, c’est bien, nous partons. (Les officiers commencent à se préparer à partir. Escamillo se trouve près de Carmen.)
escamillo Dis-moi ton nom, et la première fois que je frapperai le taureau, ce sera ton nom que je prononcerai.
carmen Je m’appelle la Carmencita.
escamillo La Carmencita?
carmen Carmen, la Carmencita, comme tu voudras.
escamillo Eh bien, Carmen, ou la Carmencita, si je m’avisais de t’aimer et de vouloir être aimé de toi, qu’est ce que tu me répondrais?
carmen Je répondrais que tu peux m’aimer tout à ton aise, mais que quant à être aimé de moi, pour le moment il n’y faut pas songer!
escamillo Ah!
carmen C’est comme ça.
escamillo J’attendrai alors, et je me contenterai d’espérer…
carmen Il n’est pas défendu d’attendre, et il est toujours agréable d’espérer.
moralès (à Frasquita et à Mercédès) Vous ne venez pas décidément?
mercédès, frasquita (sur un nouveau signe de Pastia) Mais non, mais non…
moralès (à Zuniga) Mauvaise campagne, lieutenant!…
zuniga Bah! La bataille n’est pas encore perdue… (bas, à Carmen) Écoute-moi, Carmen: puisque tu ne veux pas venir avec nous, c’est moi qui dans une heure reviendrai ici…
carmen Ici?…
zuniga Oui, dans une heure… après l’appel.
carmen Je ne vous conseille pas de revenir…
zuniga (riant) Je reviendrai tout de même. (haut) Nous partons avec vous, toréro, et nous vous joindrons au cortège qui vous accompagne.
escamillo C’est un grand honneur pour moi; je tâcherai de ne pas me montrer indigne lorsque je combattrai sous vos yeux.
(Tout le monde sort, excepté Carmen, Frasquita, Mercédès et Lillas Pastia.)
{ n. 14 bis - Sortie d’Escamillo }
Scène IIICarmen, Mercédès, Frasquita, Pastia.
{ Dialogue }frasquita (à Pastia) Pourquoi étais-tu si pressé de les faire partir et pourquoi nous as-tu fait signe de ne pas les suivre?
pastia Le Dancaïre et le Remendado viennent d’arriver… ils ont à vous parler de vos affaires, des affaires d’Égypte.
carmen Le Dancaïre et le Remendado?…
pastia (ouvrant une porte et appelant du geste) Oui, les voici… tenez…
(Entrent le Dancaïre et le Remendado. Pastia ferme les portes, met les volets etc., puis s’en va.)
Scène IVCarmen, Mercédès, Frasquita, Le Dancaïre et le Remendado.
frasquita Eh bien, les nouvelles?
le dancaïre Pas trop mauvaises les nouvelles; nous arrivons de Gibraltar…
le remendado Jolie ville, Gibraltar… on y voit des anglais, beaucoup d’anglais, de jolis hommes les anglais; un peu froids, mais distingués.
le dancaïre Remendado!…
le remendado Patron.
le dancaïre (mettant la main sur son couteau) Vous comprenez?
le remendado Parfaitement patron…
le dancaïre Taisez-vous, alors. Nous arrivons de Gibraltar, nous avons arrangé avec un patron de navire l’embarquement de marchandises anglaises. Nous irons les attendre près de la côte, nous en cacherons une partie dans la montagne et nous ferons passer le reste. Tous nos camarades ont été prévenus… ils sont ici, cachés, mais c’est de vous trois surtout que Nous avons quelques bons coups à faire. Mais nous avons besoin de vous… vous allez partir avec nous…
carmen (riant) Pourquoi faire? Pour vous aider à porter les ballots? Besoin de nous?
le remendado Oh! Non… faire porter des ballots à des dames… ça ne serait pas distingué.
le dancaïre (menaçant) Remendado?
le remendado Oui, patron.
le dancaïre Nous ne ferons pas porter les ballots, mais nous aurons besoin de vous pour autre chose. Oui, de vous! { n. 15 - Quintette }Nous avons en tête une affaire…
mercédès, frasquita Est-elle bonne, dites-nous?
le dancaïre Elle est admirable, ma chère; Mais nous avons besoin de vous!
le remendado Oui, nous avons besoin de vous!
carmen, frasquita, mercédès De nous? Quoi! Vous avez besoin de nous?
le remendado, le dancaïre De vous! Oui, nous avons besoin de vous! Car nous l’avouons humblement Et fort respectueusement: Quand il s’agit de tromperie, De duperie, De volerie, Il est toujours bon, sur ma foi, D’avoir les femmes avec soi. Et sans elles, Mes toutes belles, On ne fait jamais rien De bien!
mercédès, frasquita, carmen Quoi! Sans nous jamais rien De bien?
le remendado, le dancaïre N’êtes-vous pas de cet avis?
mercédès, frasquita, carmen Si fait, je suis De cet avis.
tous les cinq Quand il s’agit de tromperie etc.
le dancaïre C’est dit, alors; vous partirez?
mercédès, frasquita Quand vous voudrez.
le dancaïre Mais… tout de suite…
carmen Ah! Permettez… permettez! S’il vous plaît de partir… partez! Mais je ne suis pas du voyage. Je ne pars pas… je ne pars pas!
le dancaïre, le remendado Carmen, mon amour, tu viendras, Et tu n’auras pas le courage De nous laisser dans l’embarras!
mercédès, frasquita Ah! ma Carmen, tu viendras!
le dancaïre Mais, au moins la raison, Carmen, tu la diras!
tous les quatre La raison!
carmen Je la dirai certainement.
tous les quatre Voyons!
carmen La raison, c’est qu’en ce moment…
tous les quatre Eh bien?
carmen Je suis amoureuse!
le remendado, le dancaïre Qu’a-t-elle dit?
mercédès, frasquita Elle dit qu’elle est amoureuse!
tous les quatre Amoureuse!
carmen Oui, amoureuse!
le dancaïre Voyons, Carmen, sois sérieuse!
carmen Amoureuse à perdre l’esprit!
le remendado, le dancaïre (avec ironie) La chose, certes, nous étonne, Mais ce n’est pas le premier jour Où vous aurez su, ma mignonne, Faire marcher de front le devoir et l’amour.
carmen (franchement) Mes amis, je serais fort aise De partir avec vous ce soir; Mais cette fois, ne vous déplaise, Il faudra que l’amour passe avant le devoir; Ce soir l’amour passe avant le devoir!
le dancaïre Ce n’est pas là ton dernier mot?
carmen Absolument!
le remendado Il faut que tu te laisses attendrir!
tous les quatre Il faut venir, Carmen, il faut venir! Pour notre affaire, C’est nécessaire; car entre nous…
carmen Quant à cela, je l’admets avec vous …
tous les cinq Quand il s’agit de tromperie etc. { Dialogue }le dancaïre En voilà assez; je t’ai dit qu’il fallait venir, et tu viendras… je suis le chef…
carmen Comment dis-tu ça?
le dancaïre Je te dis que je suis le chef…
carmen Et tu crois que je t’obéirai?…
le dancaïre (furieux) Carmen!…
carmen (très calme) Eh bien!…
le remendado (se jetant entre le Dancaïre et Carmen) Je vous en prie… des personnes si distinguées…
le dancaïre (envoyant un coup de pied que le Remendado évite) Attrape ça, toi…
le remendado (se redressant) Patron!…
le dancaïre Qu’est-ce que c’est?
le remendado Rien, patron!
le dancaïre Amoureuse… ce n’est pas une raison, cela.
le remendado Le fait est que ce n’en est pas une… moi aussi, je suis amoureux, et ça ne m’empêche pas de me rendre utile.
carmen Partez sans moi… j’irai vous rejoindre demain… mais pour ce soir, je reste…
frasquita Je ne t’ai jamais vue comme cela; qui attends-tu donc?
carmen Un pauvre diable de soldat qui m’a rendu service…
mercédès Ce soldat qui était en prison?
carmen Oui…
frasquita Et à qui, il y a quinze jours, le geôlier a remis de ta part un pain dans lequel il y avait une pièce d’or et une lime?…
carmen (remontant vers la fenêtre) Oui.
le dancaïre Il s’en est servi de cette lime?…
carmen (du même) Non.
le dancaïre Tu vois bien! ton soldat aura eu peur d’être punis plus rudement qu’il ne l’avait été; ce soir encore il aura peur… tu auras beau entr’ouvrir les volets et regarder s’il vient, je parierais qu’il ne viendras pas.
carmen Ne parie pas, tu perdrais…
{ n. 16 - Chanson }don josé (dans la coulisse, de très loin) Halte-là! Qui va là? Dragon d’Alcala! Où t’en va tu par là, Dragon d’Alcala? Moi, je m’en vais faire Mordre la poussière À mon adversaire. S’il en est ainsi, Passez, mon ami. Affaire d’honneur, Affaire de cœur; Pour nous tout est là, Dragons d’Alcala!
(Pendant qu’il chante, Carmen, le Dancaïre, le Remendado, Mercédès et Frasquita, par les volets entr’ouverts, regardent venir Don José.)
{ Dialogue }mercédès C’est un dragon, ma foi.
frasquita Et un beau dragon.
le dancaïre (à Carmen) Eh bien, puisque tu ne veux pas venir que demain, sais-tu au moins ce que tu devrais faire?
carmen Qu’est ce que je devrais faire?
le dancaïre Tu devrais décider ton dragon à venir avec toi et de se joindre à nous.
carmen Ah!… si cela se pouvait!… mais il n’y faut pas penser… ce sont des bêtises… il est trop niais.
le dancaïre Pourquoi l’aimes-tu puisque tu conviens toi-même…
carmen Parce qu’il est joli garçon donc et qu’il me plaît.
le remendado Le patron ne comprend pas ça, lui… qu’il suffise d’être joli garçon pour plaire aux femmes…
le dancaïre Attends un peu, toi, attends un peu…
(Le Remendado se sauve et sort. Le Dancaïre le poursuit et sort à son tour entraînant Mercédès et Frasquita qui essaient de le calmer.)
don josé (la voix se rapproche peu à peu) Halte-là! Qui va là? Dragon d’Alcala! Où t’en va-tu par là, Dragon d’Alcala? Exact et fidèle, Je vais où m’appelle L’amour de ma belle! S’il en est ainsi etc.
(Don José paraît.)
Scène VDon José, Carmen, puis Pastia. { Dialogue }carmen Enfin… te voilà… C’est bien heureux!
don josé Il y a deux heures seulement que je suis sorti de prison. Carmen!
carmen Qui t’empêchait de sortir plus tôt? Je t’avais envoyé une lime et une pièce d’or… avec la lime il fallait scier le plus gros barreau de ta prison… avec la pièce d’or il fallait, chez le premier fripier venu, changer ton uniforme pour un habit bourgeois. Et tu sors de prison?
don josé En effet, tout cela était possible. J’y suis resté deux mois. Et si c’était pour toi, j’y voudrais être encore.
carmen Pourquoi ne l’as-tu pas fait?
don josé Que veux-tu? J’ai encore mon honneur de soldat, et déserter me semblerait un grand crime… Oh! Je ne t’en suis pas moins reconnaissant… Tu m’as envoyé une lime et une pièce d’or… La lime me servira pour affiler ma lance et je la garde comme souvenir de toi. (lui tendant la pièce d’or) Quant à l’argent…
carmen Tiens, il l’a gardé!… ça se trouve à merveille… (criant et frappant) Holà!… Lillas Pastia, holà!… nous mangerons tout… tu me régales… Holà! Holà!
(Entre Pastia.)
pastia (l’empêchant de crier) Prenez donc garde…
carmen (lui jetant la pièce) Tiens, attrape… et apporte-nous des fruits confits; apporte-nous des bonbons, apporte-nous des oranges, apporte-nous du manzanilla… apporte-nous de tout ce que tu as, de tout, de tout…
pastia Tout de suite, mademoiselle Carmencita. (Il sort.)
carmen (à José) Tu m’en veux alors et tu regrettes de t’être fait mettre en prison pour mes beaux yeux?
don josé Quant a cela, non, par exemple.
carmen Vraiment.
don josé L’on m’a mis en prison, l’on m’a ôté mon grade, mais ça m’est égal.
carmen Parce que tu m’aimes, donc?
don josé Oui, parce que je t’aime, parce que Moi? je t’adore.
carmen (mettant ses deux mains dans les mains de José) Je paie mes dettes: c’est notre loi à nous autres bohémiennes… Je paie mes dettes… je paie mes dettes… (Rentre Lillas Pastia apportant sur un plateau des oranges, des bonbons, des fruits confits, du manzanilla.) Mets tout cela ici… d’un seul coup, n’aie pas peur… (Pastia obéit et la moitié des objets roule par terre.) Ça ne fait rien, nous ramasserons tout ça nous-mêmes… sauve-toi maintenant, sauve-toi, sauve-toi! (Pastia sort) Mets-toi là et mangeons de tout! De tout! De tout! (Elle est assise; Don José s’assied en face d’elle.)
don josé Tu croques les bonbons comme un enfant de six ans…
carmen C’est que je les aime… Ton lieutenant était ici tout à l’heure, avec d’autres officiers, ils nous ont il m’a fait danser la romalis…
don josé Tu as dansé? Comment, toi!?
carmen Oui; et quand j’ai dansé, ton lieutenant s’est permis de me dire qu’il m’adorait…
don josé Carmen!…
carmen Qu’est ce que tu as? Est-ce que tu serais Es-tu jaloux, par hasard?
don josé Mais certainement, Eh oui, je suis jaloux…
carmen Ah bien!… Canari, va! … tu es un vrai canari d’habit et de caractère… allons, ne te fâche pas… pourquoi est-tu jaloux? Parce que j’ai dansé tout à l’heure pour ces officiers… Eh, bien, si tu le veux, je danserai pour toi maintenant, pour toi tout seul.
don josé Si je le veux, je crois bien que je le veux…
carmen Où sont mes castagnettes… qu’est-ce que j’ai fait de mes castagnettes? (en riant) C’est toi qui me les a prises, mes castagnettes?
don josé Mais non!
carmen (tendrement) Mais si, mais si… je suis sûr que c’est toi… ah! bah! en voilà des castagnettes… (Elle casse une assiette, avec deux morceaux de faïence, se fait des castagnettes et les essaie…) Ah, ça ne vaudra jamais, mes castagnettes… Où sont-elles donc?
don josé (trouvant les castagnettes sur la table à droite) Tiens! Les voici.
carmen (riant) Ah! Tu vois bien… c’est toi qui les avais prises…
don josé Ah! Que je t’aime, Carmen, que je t’aime!
carmen Je l’espère bien. { n. 17 - Duo }(gaîment) Je vais danser en votre honneur, Et vous verrez, seigneur, Comment je sais moi-même accompagner ma danse! (faisant asseoir Don José) Mettez-vous là, Don José; (ave une solennité comique) Je commence! (dansant et accompagnant de ses castagnettes) La la la la la la la la… (On entend des clairons dans la coulisse de très loin.) La la la la la la la la…
don josé (arrêtant Carmen) Attends un peu, Carmen, rien qu’un moment… arrête!
carmen (étonnée) Et pourquoi, s’il te plaît?
don josé Il me semble… là-bas… (Les clairons se rapprochent.) Oui, ce sont nos clairons qui sonnent la retraite. Ne les entends-tu pas?
carmen (avec joie) Bravo! bravo! j’avais beau faire… il est mélancolique De danser sans orchestre… Et vive la musique Qui nous tombe du ciel! (dansant et jouant des castagnettes) La la la la la la la la… (Les clairons s’éloignent.)
don josé (arrêtant encore Carmen) Tu ne m’as pas compris. Carmen… c’est la retraite, Il faut que moi, je rentre au quartier pour l’appel!
carmen (stupéfaite) Au quartier!… pour l’appel!… (éclatant) Ah! j’étais vraiment trop bête! Je me mettais en quatre et je faisais des frais, Oui, je faisais des frais Pour amuser monsieur. Je chantais! je dansais! Je crois, Dieu me pardonne, qu’un peu plus, je l’aimais! Ta ra ta ta… c’est le clairon qui sonne! Ta ra ta ta… Il part… il est parti! Va-t’en donc, canari! (avec fureur, en lui envoyant son shako à la volée) Tiens! prends ton shako, ton sabre, ta giberne, Et va-t’en, mon garçon, retourne à ta caserne!
don josé (avec tristesse) C’est mal à toi, Carmen, de te moquer de moi! Je souffre de partir, car jamais, Jamais femme avant toi, Aussi profondément n’avait troublé mon âme!
carmen (en exagérant le ton passionné de Don José) Il souffre de partir, car jamais, Jamais femme avant moi, Aussi profondément n’avait troublé son âme! Ta ra ta ta… Mon Dieu! c’est la retraite! Ta ra ta ta… Je vais être en retard! Ô mon Dieu! C’est la retraite! Je vais être en retard! Il perd la tête! il court! Et voilà son amour!
don josé Ainsi tu ne crois pas À mon amour?
carmen Mais non!
don josé Eh bien! Tu m’entendras!
carmen Je ne veux rien entendre!
don josé Tu m’entendras!
carmen Tu vas te faire attendre! Non! non! …
don josé Oui, tu m’entendras! (violemment) Je le veux! Carmen, tu m’entendras! (Il tire de sa veste d’uniforme la fleur que Carmen lui a jetée au premier acte, il montre cette fleur à Carmen.) La fleur que tu m’avais jetée Dans ma prison m’était restée, Flétrie et sèche, cette fleur Gardait toujours sa douce odeur; Et pendant des heures entières, Sur mes yeux, fermant mes paupières, De cette odeur je m’enivrais Et dans la nuit je te voyais! Je me prenais à te maudire, À te détester, à me dire: Pourquoi faut-il que le destin L’ait mise là sur mon chemin! Puis je m’accusais de blasphème, Et je ne sentais en moi-même, Je ne sentais qu’un seul désir, un seul espoir: Te revoir, ô Carmen, oui, te revoir! Car tu n’avais eu qu’à paraître, Qu’à jeter un regard sur moi, Pour t’emparer de tout mon être, Ô ma Carmen! Et j’étais une chose à toi! Carmen, je t’aime!
carmen Non! tu ne m’aimes pas!
don josé Que dis-tu?
carmen Non! tu ne m’aimes pas! Non! Car si tu m’aimais, Là-bas, là-bas tu me suivrais!
don josé Carmen!
carmen Oui! Là-bas, là-bas dans la montagne…
don josé Carmen!
carmen Là-bas, là-bas tu me suivrais! Sur ton cheval tu me prendrais, Et comme un brave à travers la campagne, En croupe, tu m’emporterais! Là-bas, là-bas dans la montagne…
don josé (troublé) Carmen!
carmen Là-bas, là-bas tu me suivrais! Tu me suivrais, si tu m’aimais! Tu n’y dépendrais de personne; Point d’officier à qui tu doives obéir, Et point de retraite qui sonne Pour dire à l’amoureux qu’il est temps de partir! Le ciel ouvert, la vie errante; Pour pays tout l’univers; et pour loi ta volonté! Et surtout la chose enivrante: La liberté! La liberté!
don josé Mon Dieu!
carmen Là-bas, là-bas dans la montagne!
don josé (très ébranlé) Carmen!
carmen Là-bas, là-bas si tu m’aimais…
don josé Tais-toi!
carmen Là-bas, là-bas tu me suivrais etc.
don josé Ah! Carmen, hélas! tais-toi! Mon Dieu! Hélas! Pitié! Hélas!… (s’arrachant violemment des bras de Carmen) Non! je ne veux plus t’écouter! Quitter mon drapeau… déserter… C’est la honte… c’est l’infamie!… Je n’en veux pas!
carmen (durement) Eh bien! pars!
don josé (suppliant) Carmen, je t’en prie!
carmen Non! Je ne t’aime plus!
don josé Écoute!
carmen Va! je te hais!
don josé Carmen!
carmen Adieu! Mais adieu pour jamais!
don josé (avec douleur) Eh bien! soit! adieu! Adieu pour jamais!
carmen Va-t-en!
don josé Carmen! Adieu! adieu pour jamais!
carmen Adieu! (José se dirige vers la porte. Au moment où il va ouvrir, on frappe. Silence.)
Scène VILes mêmes, Zuniga, puis le Dancaïre, le Remendado, les bohémiennes et les bohémiens.
{ n. 18 - Final }zuniga (au dehors) Holà! Carmen! Holà! Holà!
don josé Qui frappe? Qui vient là?
carmen Tais-toi… tais-toi!
zuniga (entrant après avoir fait sauter la porte) J’ouvre moi-même… et j’entre… (Il aperçoit Don José; à Carmen) Ah! fi! ah! fi! la belle! Le choix n’est pas heureux! De prendre le soldat quand on a l’officier. (à Don José) Allons, décampe!
don josé (calme, mais résolu) Non!
zuniga Si fait! tu partiras.
don josé Je ne partirai pas!
zuniga (menaçant Don José) Drôle!
don josé (sautant sur son sabre) Tonnerre!… il va pleuvoir des coups!
carmen (se jetant entre eux) Au diable le jaloux! À moi! à moi! (Les bohémiens et les bohémiennes paraissent de tous les côtés; sur un geste de Carmen, le Dancaïre et le Remendado se jettent sur Zuniga et le désarment.) (à Zuniga d’un ton moqueur) Bel officier, bel officier, l’amour Vous joue en ce moment un assez vilain tour! Vous arrivez fort mal! Hélas! et nous sommes forcés, Ne voulant être dénoncés, De vous garder au moins… pendant une heure.
le remendado, le dancaïre (à Zuniga, le pistolet à la main et avec la plus grande politesse) Mon cher monsieur! Nous allons, s’il vous plaît, Quitter cette demeure; Vous viendrez avec nous?
carmen (riant) C’est une promenade.
le remendado, le dancaïre Consentez-vous?
le dancaïre, le remendado, les bohémiens Répondez, camarade!
zuniga (prenant son parti gaîment) Certainement. D’autant plus que votre argument Est un de ceux auxquels on ne résiste guère! (toujours gaîment) Mais gare à vous!… plus tard!
le dancaïre (avec philosophie) La guerre, c’est la guerre!... En attendant, mon officier, Passez devant sans vous faire prier!
le remendado, les bohémiens Passez devant sans vous faire prier! (Zuniga sort emmené par les bohémiens.)
carmen (à Don José) Es-tu des nôtres maintenant?
don josé (soupirant) Il le faut bien!
carmen Ah! Le mot n’est pas galant! Mais, qu’importe! Va… tu t’y feras, Quand tu verras Comme c’est beau, la vie errante; Pour pays tout l’univers, et pour loi ta volonté! Et surtout, la chose enivrante: La liberté! La liberté!
tous (excepté Don José) Suis-nous à travers la campagne, Viens avec nous dans la montagne, Suis-nous et tu t’y feras, Quand tu verras, là-bas, Comme c’est beau, la vie errante etc.
don josé (entraîné) Ah! La vie errante, le ciel ouvert etc.
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{ Intermezzo }
Atto II
Da Lillas Pastia, una taverna. All’alzarsi del sipario, Carmen, Frasquita e Mercedes sono a tavola con gli ufficiali. Danza di zingare accompagnata da zingari che grattano la chitarra e suonano il tamburo basco.
Scena ICarmen, Mercedes, Frasquita, Zuniga, Morales, Pastia, zingare e zingari. (Cessa la danza.) { n. 12 - Canzone gitana }carmen Le lamine dei sistri tintinnavano Con un bagliore metallico, E su questa musica strana Le zingarelle si alzavano. Tamburi baschi risuonavano, E le chitarre frenetiche Stridevano sotto le mani ostinate, Stessa canzone, stesso ritornello! Tra la la là… (Danza.)
mercedes, frasquita, carmen Tra la la là… (Cessa la danza.)
carmen Gli anelli di rame e d’argento Lucevano sulle pelli olivastre; D’arancio o di rosso zebrate, Le stoffe volavano al vento. La danza al canto si univa, Dapprima indecisa ed esitante, Più viva e più rapida poi… Saliva, saliva, saliva! Tra la la là… (Danza.)
mercedes, frasquita, carmen Tra la la là… (Cessa la danza.)
carmen Gli zingari, a tutta forza, Infuriavano sui loro strumenti, E quello strepito stupefacente Stregava le zingare. Sotto il ritmo della canzone, Ardenti, folli, febbrili, Si lasciavano, inebriate, Rapire dal turbine! Tra la la là…
mercedes, frasquita, carmen Tra la la là… (Anche Carmen, Frasquita e Mercedes si uniscono alla danza.) { Dialogo }(Con le ultime note dell’orchestra, Carmen viene a gettarsi ansimante su una panca della taverna. Dopo la danza, Lillas Pastia si mette a girare intorno agli ufficiali, con aria imbarazzata.)
zuniga Dovete dirci qualche cosa, mastro Lillas Pastia?
pastia Mio Dio, signori…
morales Parla, su…
pastia Comincia a farsi tardi… e più di chiunque altro io sono obbligato a rispettare i regolamenti. Poiché il signor corregidor è piuttosto mal disposto nei miei confronti… non so proprio perché è mal disposto…
zuniga Lo so io, il perché. È perché la tua locanda è il ritrovo di tutti i contrabbandieri della provincia.
pastia Che sia per questa ragione o per un’altra, sono obbligato a stare attento… ora, ve lo ripeto, comincia a farsi tardi.
morales Questo vuol dire che ci metti alla porta!…
pastia Oh! no, signori ufficiali… oh! no… vi faccio solo osservare che la mia locanda dovrebbe essere chiusa da dieci minuti…
zuniga Dio sa cosa succede nella tua locanda una volta chiusa…
pastia Oh, signor tenente…
zuniga Insomma! Abbiamo ancora il tempo, prima dell’appello, di andare a passare un’ora a teatro… verrete con noi, vero, bellezze?
(Pastia fa segno alle zingare di rifiutare.)
frasquita No, signori ufficiali, no, noi restiamo qua.
zuniga Come, non verrete...
mercedes È impossibile…
morales Mercedes!
mercedes Mi dispiace…
morales Frasquita!
frasquita Sono desolata…
zuniga Ma tu, Carmen… sono certo che tu non rifiuterai…
carmen E vi sbagliate, tenente… io rifiuto, e, se è possibile, ancor più decisamente di loro due…
(Mentre Zuniga parla a Carmen, Morales e gli altri due tenenti cercano di convincere Frasquita e Mercedes.)
zuniga Ce l’hai con me?
carmen E per quale ragione?
zuniga Perché un mese fa sono stato così crudele da mandarti in prigione…
carmen (come se non ricordasse) In prigione?…
zuniga Ero di servizio, non potevo fare altrimenti.
carmen (stesso atteggiamento) In prigione… non ricordo di essere andata in prigione…
zuniga Lo so bene, perdio, che non ci sei andata… il brigadiere che doveva portarti dentro aveva infatti deciso di lasciarti scappare… e di farsi perciò degradare e imprigionare…
carmen Degradare e imprigionare?…
zuniga Mio Dio, sì!… non si è voluto ammettere che una mano così piccola fosse abbastanza forte da rovesciare un uomo…
carmen Oh!
zuniga Non è parso naturale…
carmen E quel povero ragazzo è ridiventato soldato semplice?
zuniga Sì… e ha passato un mese in prigione…
carmen Ma ne è uscito?…
zuniga Solo da ieri!
carmen (facendo suonare le nacchere) Va tutto bene, dato che è uscito, va tutto bene.
zuniga Alla buon’ora, ti consoli in fretta…
carmen (a parte) E faccio bene… (a voce alta) Se mi date ascolto, farete come me; volete condurci via, noi non vi vogliamo seguire… vi consolerete…
morales Per forza!
(La scena è interrotta da un coro cantato fra le quinte.)
{ n. 13 - Coro }amici di escamillo Viva! Viva il torero! Viva! Viva Escamillo! Viva! Viva!
{ Dialogo }zuniga Che cos’è?
mercedes Una passeggiata al lume delle fiaccole…
morales E per chi?
frasquita Lo riconosco… è Escamillo… un torero che si è fatto notare nelle ultime corride di Granata e che promette di eguagliare la gloria di Montez e di Pepe Illo…
morales Perdio, bisogna farlo venire… berremo in suo onore!
zuniga Certo, vado a invitarlo. (Va alla finestra.) Signor torero… volete farci l’onore di salire qui? Vi troverete gente a cui piacciono tutti quelli che, come voi, hanno abilità e coraggio… (allontanandosi dalla finestra) Viene…
pastia (supplichevole) Signori ufficiali, vi avevo detto…
zuniga Abbiate la bontà di lasciarci tranquilli, mastro Lillas Pastia, e fateci portare da bere…
(Compare Escamillo con i suoi amici.)
zuniga, amici di escamillo, frasquita, mercedes, carmen, morales Viva! Viva il torero! Viva! Viva Escamillo! Viva! Viva!
Scena IIGli stessi, Escamillo e i suoi amici. { Dialogo }zuniga Queste signore e noi, vi ringraziamo di aver accettato il nostro invito; non abbiamo voluto lasciarvi passare senza brindare con voi alla grande arte della tauromachia…
escamillo Signori ufficiali, vi ringrazio. { n. 14 - Strofe }Il vostro brindisi posso ricambiarlo, Señores, poiché coi soldati, Sì, i toreri si possono intendere: Hanno entrambi il piacere di battersi! L’arena è piena, è giorno di festa! Gli spettatori, perdendo la testa, Si chiamano con gran frastuono! Richiami, grida e rumore Spinti fino al furore! Poiché è la festa del coraggio! La festa della gente di fegato! Dài! In guardia! Ah! (fatuo) Toreador, attento! Toreador! Toreador! E pensa, sì, pensa combattendo Che un occhio nero ti guarda E che l’amore ti aspetta. Toreador, l’amore ti aspetta!
zuniga, amici di escamillo, frasquita, mercedes, carmen, morales, escamillo Toreador, attento ecc.
(Fra le due strofe Carmen riempie il bicchiere di Escamillo.)
escamillo D’improvviso, si fa silenzio… Si fa silenzio… Ah! che succede? Non più grida, è il momento! Il toro si slancia Balzando fuori dal recinto! Si slancia! entra, colpisce!… un cavallo stramazza, Trascinando un picador: «Ah! bravo! Toro!» urla la folla, Il toro va… viene… viene e colpisce ancora! E scuotendo le sue banderille, Corre infuriato! L’arena è piena di sangue! Scappano, saltano oltre le griglie! Ora è il tuo momento! Dai! In guardia! Ah! (fatuo) Toreador, attento ecc.
zuniga, amici di escamillo, frasquita, mercedes, carmen, morales, escamillo Toreador, attento ecc.
mercedes L’amore!
escamillo L’amore!
frasquita L’amore!
escamillo L’amore!
carmen (guardando Escamillo) L’amore!
escamillo (guardando Carmen) L’amore!
zuniga, amici di escamillo, frasquita, mercedes, carmen, morales, escamillo Toreador, l’amore ti aspetta! { Dialogo }(Bevono, stringono la mano al torero.)
pastia Signori ufficiali, ve ne prego.
zuniga Va bene, va bene, ce ne andiamo. (Gli ufficiali si preparano a partire. Escamillo si trova vicino a Carmen.)
escamillo Dimmi il tuo nome, e la prima volta che colpirò il toro, sarà il tuo nome che pronuncerò.
carmen Mi chiamo la Carmencita.
escamillo La Carmencita?
carmen Carmen, la Carmencita, come vorrai tu.
escamillo Ebbene, Carmen, o la Carmencita, se mi venisse in mente di amarti e di essere amato da te, cosa mi risponderesti?
carmen Risponderei che puoi amarmi quanto ti pare, ma che, quanto a essere amato da me, per ora è meglio non pensarci!
escamillo Ah!
carmen È così.
escamillo Allora aspetterò, e mi accontenterò di sperare…
carmen Non è proibito aspettare, ed è sempre bello sperare.
morales (a Frasquita e Mercedes) Voi non venite proprio?
mercedes, frasquita (a un nuovo segno di Pastia) Ma no, ma no…
morales (a Zuniga) Una campagna andata male, tenente!…
zuniga Bah! la battaglia non è ancora perduta… (piano, a Carmen) Ascoltami, Carmen: se tu non vuoi venire con noi, sono io che, fra un’ora, tornerò qui…
carmen Qui?…
zuniga Sì, fra un’ora… dopo l’appello.
carmen Non vi consiglio di tornare…
zuniga (ridendo) Tornerò lo stesso. (a voce alta) Ce ne andiamo con voi, torero, e ci uniamo al corteo che vi accompagna.
escamillo È un grande onore per me; cercherò di non esserne indegno quando combatterò sotto i vostri occhi.
(Tutti escono, tranne Carmen, Frasquita, Mercedes e Lillas Pastia.)
{ n. 14 bis - Uscita di Escamillo }
Scena IIICarmen, Mercedes, Frasquita, Pastia.
{ Dialogo }frasquita (a Pastia) Perché eri così ansioso di farli andar via e ci hai fatto segno di non seguirli?…
pastia Sono appena arrivati il Dancairo e il Remendado… devono parlarvi dei vostri affari, degli affari d’Egitto.
carmen Il Dancairo e il Remendado?…
pastia (aprendo una porta e chiamando col gesto) Sì, eccoli… prego…
(Entrano il Dancairo e il Remendado. Pastia chiude le porte, le imposte ecc., poi esce.)
Scena IVCarmen, Mercedes, Frasquita, il Dancairo, il Remendado.
frasquita Ebbene, le notizie?
il dancairo Non troppo male, le notizie; arriviamo da Gibilterra…
il remendado Bella città, Gibilterra… ci si vedono degli inglesi, molti inglesi, begli uomini gli inglesi; un po’ freddi, ma distinti.
il dancairo Remendado!…
il remendado Capo.
il dancairo (mettendo la mano al coltello) Chiaro?
il remendado Chiarissimo, capo…
il dancairo Zitto, allora. Arriviamo da Gibilterra, e ci siamo messi d’accordo con un padrone di vascello per sbarcare mercanzie inglesi. Li aspetteremo vicino alla costa, ne nasconderemo una parte sulla montagna e faremo passare il resto. Tutti i nostri compagni sono stati avvisati… sono qui, nascosti, ma Abbiamo da fare un po’ di affari. Ma c’è bisogno di voi soprattutto di voi tre… partirete con noi…
carmen (ridendo) Per far che? per aiutarvi a portare i fagotti? Bisogno di noi?
il remendado Oh! no… far portare dei fagotti alle signore… non sarebbe distinto.
il dancairo (minaccioso) Remendado?
il remendado Sì, capo.
il dancairo Non vi faremo portare i fagotti, ma abbiamo bisogno di voi per un’altra faccenda. Sì, di voi!
{ n. 15 - Quintetto }Abbiamo in mente un affare…
mercedes, frasquita Un buon affare, diteci?
il dancairo Eccellente, mia cara; Ma abbiamo bisogno di voi!
il remendado Sì, abbiamo bisogno di voi!
carmen, frasquita, mercedes Di noi? Che! avete bisogno di noi?
il remendado, il dancairo Di voi! Sì, abbiamo bisogno di voi! Poiché, lo confessiamo umilmente E rispettosissimamente: Quando si tratta d’inganno, Di truffa, E ladroneccio, È sempre bene, in fede mia, Avere le donne con sé. E senza di loro, Mie bellissime, Non si fa mai nulla Di buono!
mercedes, frasquita, carmen Che! senza di noi mai nulla Di buono?
il remendado, il dancairo Non siete d’accordo?
mercedes, frasquita, carmen Ma certo, io sono D’accordo.
tutti e cinque Quando si tratta d’inganno ecc.
il dancairo È fatta, allora; verrete?
mercedes, frasquita Quando vorrete.
il dancairo Ma… subito…
carmen Ah! un momento… un momento! Se voi volete andare… andate! Ma io non vi accompagno. Non vengo… non vengo!
il dancairo, il remendado Carmen, amor mio, tu verrai, E non avrai mai il coraggio Di lasciarci nelle peste!
mercedes, frasquita Ah! Carmen mia, verrai!
il dancairo Ma, Carmen, la ragione, almeno, la dirai!
tutti e quattro La ragione!
carmen La dirò certamente.
tutti e quattro Vediamo!
carmen La ragione è che in questo momento…
tutti e quattro Ebbene?
carmen Sono innamorata!
il remendado, il dancairo Cosa ha detto?
mercedes, frasquita Dice che è innamorata!
tutti e quattro Innamorata!
carmen Sì, innamorata!
il dancairo Via, Carmen, non scherzare!
carmen Innamorata da perdere la testa!
il remendado, il dancairo (con ironia) La cosa, certo, ci stupisce, Ma non è la prima volta Che avete saputo, carina, Far marciare insieme il dovere e l’amore.
carmen (francamente) Amici, sarei ben contenta Di partire con voi questa sera; Ma, ora, se non vi spiace, Bisogna che l’amore passi prima del dovere; Questa sera l’amore passa prima del dovere!
il dancairo Ma è proprio questa la tua ultima parola?
carmen Assolutamente!
il remendado Bisogna che ti lasci convincere!
tutti e quattro Devi venire, Carmen, devi venire! Per il nostro affare, È necessario; poiché, fra noi…
carmen Quanto a ciò, sono d’accordo con voi…
tutti e cinque Quando si tratta d’inganno ecc. { Dialogo }il dancairo Ne ho abbastanza; ho detto che dovevi venire, e tu verrai… sono io il capo…
carmen Come dici?
il dancairo Ti dico che sono io il capo…
carmen E credi che ti obbedirò?…
il dancairo (furioso) Carmen!…
carmen (calmissima) Ebbene!…
il remendado (gettandosi fra il Dancairo e Carmen) Vi prego… persone così distinte…
(misurandogli un calcio che il Remendado evita) Prendi questo, tu…
il remendado (rialzandosi) Capo!…
il dancairo Cosa c’è?
il remendado Nulla, capo!
il dancairo Innamorata… non è una ragione, questa.
il remendado Certo che non lo è… anch’io sono innamorato, e questo non m’impedisce di rendermi utile.
carmen Andate senza di me… verrò a raggiungervi domani… ma questa sera, resto…
frasquita Non ti ho mai visto così; ma chi aspetti?
carmen Un povero diavolo di soldato che mi ha fatto un favore…
mercedes Il soldato che era in prigione?
carmen Sì…
frasquita E a cui, quindici giorni fa, il carceriere ha consegnato di nascosto un pane dove c’era una moneta d’oro e una lima?…
carmen (avvicinandosi alla finestra) Sì.
il dancairo Se ne è servito di quella lima?…
carmen (c.s.) No.
il dancairo Lo vedi! il tuo soldato avrà avuto paura di essere punito ancora più duramente; anche stasera avrà paura… avrai un bel socchiudere le imposte e guardare se arriva, scommetto che non verrà.
carmen Non scommettere, perderesti…
{ n. 16 - Canzone }don josé (fra le quinte, da molto lontano) Altolà! Chi va là? Dragone d’Alcalá! Dove vai di là, Dragone d’Alcalá? Io vado a gettare Nella polvere Il mio rivale. Se è così, Passate, amico. Affare d’onore, Affare di cuore; Per noi tutto è là, Dragoni d’Alcalá!
(Mentre canta, Carmen, il Dancairo, il Remendado, Mercedes e Frasquita, dalle imposte socchiuse, guardano venire Don José.)
{ Dialogo }mercedes È un dragone, in fede mia.
frasquita E un bel dragone.
il dancairo (a Carmen) Ebbene, poiché non vuoi venire che domani, sai almeno cosa dovresti fare?
Cosa dovrei fare?…
il dancairo Dovresti convincere il tuo dragone a venire con te e a unirsi a noi.
carmen Ah!… se si potesse!… ma non bisogna pensarci… sono sciocchezze… è troppo stupido.
il dancairo Perché l’ami, se ammetti tu stessa…
Perché è un bel ragazzo e perché mi piace.
il remendado (fatuo) Il capo non lo capisce, lui… che basti essere un bel ragazzo per piacere alle donne…
il dancairo Aspetta un momento, tu, aspetta un momento…
(Il Remendado scappa ed esce. Il Dancairo lo insegue ed esce a sua volta portando con sé Mercedes e Frasquita che cercano di calmarlo.)
don josé (la voce si avvicina a poco a poco) Altolà! Chi va là? Dragone d’Alcalá! Dove vai di là, Dragone d’Alcalá? Fedele e puntuale, Vado dove mi chiama L’amore della mia bella! Se è così ecc.
(Compare Don José.)
Scena VDon José, Carmen, poi Pastia. { Dialogo }carmen Eccoti… finalmente… Che felicità!
don josé Solo due ore fa sono uscito di prigione. Carmen!
carmen Chi ti impediva di uscire prima? Ti avevo mandato una lima e una moneta d’oro… con la lima bisognava segare la sbarra più grossa della prigione… con la moneta d’oro bisognava, dal primo rigattiere incontrato, cambiare la tua uniforme con un abito borghese. Esci di prigione?
don josé Certo, tutto questo era possibile. Ci sono rimasto due mesi. E per te, ci sarei restato anche di più.
carmen Perché non l’hai fatto?
don josé Che vuoi farci? ho ancora il mio onore di soldato, e disertare mi pareva un vero delitto… Oh! non è che per questo te ne sia meno riconoscente… Mi hai mandato una lima e una moneta d’oro… La lima mi servirà per affilare la lancia e la conservo come tuo ricordo. (tendendole la moneta d’oro) Quanto al denaro…
carmen Toh, l’ha conservato!… tanto meglio… (gridando e battendo le mani) Olà!… Lillas Pastia, olà!… mangiamoci tutto… sei tu a offrire… olà! olà!…
(Entra Pastia.)
Ma attenta…
carmen (gettandogli la moneta) Tieni, prendi… e portaci frutta candita; portaci dolci, portaci arance, portaci manzanilla… portaci tutto quello che hai, tutto, tutto…
pastia Subito, signorina Carmencita. (Esce.)
carmen (a José) Ce l’hai con me, allora, e rimpiangi di esserti fatto mettere in prigione per i miei begli occhi?
don josé Quanto a questo, no, di certo.
carmen Davvero.
don josé Mi hanno messo in prigione, mi hanno tolto il grado, ma non me ne importa.
carmen Perché mi ami, dunque?
don josé Sì, perché ti amo, perché Io? ti adoro.
carmen (mettendo le mani fra le mani di José) Pago i miei debiti: è la nostra legge, la legge
di noi zingare… Pago i miei debiti… pago i miei debiti… (Rientra Lillas Pastia portando su un vassoio arance, dolci, frutta candita, manzanilla.) Metti tutto qui… con un colpo solo, non avere paura… (Pastia obbedisce e la metà degli oggetti cade a terra.) Non importa, raccoglieremo tutto quanto noi… scappa ora, scappa, scappa via!
(Pastia esce.) Mettiti là e mangiamo di tutto! di tutto! di tutto! (Lei è seduta; Don José le si siede di fronte.)
don josé Sgranocchi i dolci come un bambino di sei anni…
carmen È perché mi piacciono… Il tuo tenente era qui un momento fa, con altri ufficiali, ci hanno mi ha fatto ballare la romalis…
don josé Tu hai ballato? Come, a te?
carmen Sì; e quando ho finito, il tuo tenente si è permesso di dire che mi adorava…
don josé Carmen!…
carmen Che cos’hai?… Saresti per caso Sei geloso?…
don josé Ma certo Sì che sono geloso…
carmen Ah bene!… Va’ là, canarino!… sei un vero canarino, d’abito e di carattere… via, non t’arrabbiare… perché sei geloso? perché un momento fa ho danzato per quegli ufficiali… Ebbene, se vuoi, ora danzerò per te, solo per te.
don josé Se voglio, certo che voglio…
carmen Dove sono le mie nacchere?… che ne ho fatto delle mie nacchere? (ridendo) Me le hai prese tu, le nacchere?
don josé Ma no!
carmen (teneramente) Ma sì, ma sì… sono sicura che sei stato tu… ah! bah! ecco delle nacchere. (Rompe un piatto, con due pezzi di maiolica si fa delle nacchere e le prova…) Ah! non valgono le mie nacchere… Ma dove sono?
don josé (trovando le nacchere sulla tavola a destra) Prendi! eccole.
carmen (ridendo) Ah! lo vedi… sei tu che me le hai prese…
don josé Ah! quanto ti amo, Carmen, quanto ti amo!
carmen Lo spero bene. { n. 17 - Duetto }(con allegria) Danzerò in vostro onore, E vedrete, signore, Come so accompagnarmi nella danza!
(facendo sedere Don José) Mettetevi là, Don José; (con comica solennità) Io comincio! (danzando e accompagnandosi con le nacchere) La la la la la la la la… (Si sentono delle trombe lontanissime, fra le quinte.) La la la la la la la la…
don josé (fermando Carmen) Aspetta un po’ Carmen, solo un momento… fermati!
carmen (stupita) Perché mai?
don josé Mi sembra, laggiù… (Le trombe si avvicinano.) Sì, sono le nostre trombe che suonano la ritirata. Non le senti?
carmen (con gioia) Bene, bene! avevo un bel darmi da fare; è malinconico Danzare senza orchestra… Evviva la musica Che ci casca dal cielo! (ballando e suonando le castagnette) La la la la la la la la… (Le trombe si allontanano.)
don josé (fermando ancora Carmen) Non m’hai capito. Carmen… è la ritirata, Bisogna ch’io rientri al quartiere per l’appello!
carmen (stupefatta) Al quartiere!… per l’appello!… (scoppiando) Ah! ero davvero stupida! Mi facevo in quattro e mi mettevo a spendere, Sì, mi mettevo a spendere Per divertire il signore. Cantavo! ballavo! Credo, Dio mi perdoni, Che ancora un poco, e l’amavo! Ta ra ta ta… Suona la tromba! Ta ra ta ta… Se ne va… è già andato! Vattene allora, canarino! (con rabbia, gettandogli il suo sciaccò) Tiè! prendi sciaccò, sciabola e giberna, E vattene, ragazzo mio, torna in caserma!
don josé (con tristezza) Fai male, Carmen, a ridere di me! Soffro di andar via, perché mai, Mai donna prima di te, Così profondamente mi aveva turbato l’anima!
carmen (esagerando il tono appassionato di Don José) Soffre di andar via, perché mai, Mai donna prima di me, Così profondamente gli aveva turbato l’anima! Ta ra ta ta… Mio Dio! è la ritirata! Ta ra ta ta… sarò in ritardo! O mio Dio! è la ritirata! Sarò in ritardo! Perde la testa! corre! Ecco il suo amore!
don josé Così non credi Al mio amore?
carmen Ma no!
don josé Ebbene! Mi ascolterai!
carmen Non voglio sentire nulla!
don josé Mi ascolterai!
carmen Rischi di farti aspettare! No! no!…
don josé Sì, mi ascolterai! (con violenza) Lo voglio io, Carmen, mi ascolterai! (Prende dalla giacca dell’uniforme il fiore di gaggìa che Carmen gli ha gettato al primo atto, mostra il fiore a Carmen.) Il fiore che mi avevi gettato Nella prigione mi era rimasto, Secco e appassito, questo fiore, Sempre serbava il suo dolce profumo; E durante lunghe ore, Chiudendo sugli occhi le palpebre, Di questo profumo mi inebriavo E ti vedevo nella notte! Mi mettevo a maledirti, A detestarti, a dirmi: Perché mai il destino L’ha messa là sul mio cammino! Poi mi dicevo blasfemo, E non sentivo in me, Non sentivo che un desiderio solo, una sola speranza: Di rivederti, o Carmen, sì, rivederti! Poiché ti era bastato apparire, E gettare uno sguardo su me, Per prendere tutto il mio essere, O mia Carmen! e appartenevo a te! Carmen, ti amo!
carmen No! non mi ami!
don josé Cosa dici?
carmen No! non mi ami! No! Perché se tu mi amassi, Laggiù, laggiù mi seguiresti!
don josé Carmen!
carmen Sì! Laggiù sulla montagna…
don josé Carmen!
carmen Laggiù, laggiù mi seguiresti! Sul tuo cavallo mi prenderesti, E come un prode attraverso la campagna, In groppa via mi porteresti! Laggiù, laggiù sulla montagna…
don josé (turbato) Carmen!
carmen Laggiù, laggiù, mi seguiresti! Mi seguiresti, se mi amassi! Nessuno che ti comanda; Nessun ufficiale a cui obbedire, Nessuna ritirata che suona Per dire all’innamorato che è tempo di partire! Il cielo aperto, la vita errante; Per patria tutto l’universo; e per legge la tua volontà! E soprattutto la cosa inebriante: La libertà! La libertà!
don josé Mio Dio!
carmen Laggiù, laggiù sulla montagna,…
don josé (quasi vinto) Carmen!
carmen Laggiù, laggiù, se tu mi amassi…
don josé Taci!
carmen Laggiù, laggiù, mi seguiresti ecc.
don josé Ah! Carmen, ohimè! taci! Mio Dio!… ohimè!, pietà! ohimè!… (strappandosi violentemente dalle braccia di Carmen) No! Non ti voglio più ascoltare! Lasciare la mia bandiera… disertare… È l’onta… l’infamia!… Non voglio!
carmen (duramente) E allora! va’!
don josé (supplicando) Carmen, ti prego!
carmen No! Non ti amo più!
don josé Ascolta!
carmen Va’! Ti odio!
don josé Carmen!
carmen Addio! Ma addio per sempre!
don josé (con dolore) Ebbene! sia! addio! Addio per sempre!
carmen Vattene!
don josé Carmen! Addio! addio per sempre!
carmen Addio! (José si dirige verso la porta. Quando sta per aprirla, bussano. Silenzio.)
Scena VIGli stessi, Zuniga, poi il Dancairo, il Remendado, le zingare e gli zingari.
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{ Entr’acte }
Acte III
Un site sauvage dans la montagne.
Scène ICarmen, José, Le Dancaïre, Le Remendado, Mercédès, Frasquita, bohémiennes et bohémiens. Au lever du rideau quelques contrebandiers sont couchés ça et là enveloppés dans leurs manteaux. Entrée des bohémiens.
{ n. 19 - Sextuor et Chœur }quelques bohémiens Écoute, écoute, compagnon, écoute! La fortune est là-bas, là-bas! Mais prends garde, pendant la route, Prends garde de faire un faux pas! Écoute, compagnon, écoute, écoute etc.
mercédès, frasquita, carmen, don josé,
Notre métier est bon, mais pour le faire il faut Avoir une âme forte! Et le péril est en haut, Il est en bas, il est en haut, Il est partout, qu’importe! Nous allons en avant sans souci du torrent, Sans souci du torrent, sans souci de l’orage! Sans souci du soldat qui là-bas nous attend, Et nous guette au passage! Sans souci nous allons en avant! Écoute, écoute, compagnon, écoute etc.
tous les bohémiens Ami, là-bas est la fortune, Écoute, écoute, compagnon, Prends garde, pendant la route, Prends garde de faire un faux pas! Oui, la fortune est là-bas! Prends garde de faire un faux pas!
mercédès, frasquita, les bohémiennes Écoute, compagnon, écoute etc.
don josé, le remendado, le dancaïre, les bohémiens Compagnon, écoute etc.
tous Prends garde! Prends garde!
{ Dialogue }le dancaïre Halte! nous allons nous arrêter ici… ceux qui on sommeil pourront dormir pendant une demi-heure…
le remendado (s’étendant avec volupté) Ah!
le dancaïre Je vais, moi, voir s’il y a moyen de faire entrer les marchandises dans la ville… une brèche s’est faite dans le mur d’enceinte et nous pourrions passer par là: malheureusement on a mis un factionnaire pour garder cette brèche.
don josé Lillas Pastia nous a fait savoir que, cette nuit, ce factionnaire serait un homme à nous…
le dancaïre Oui, mais Lillas Pastia a pu se tromper… le factionnaire qu’il veut dire a pu être changé… Avant d’aller plus loin je ne trouve pas mauvais de m’assurer par moi-même…
(appelant) Remendado!…
le remendado (se réveillant) Hé?
le dancaïre Debout, tu vas venir avec moi…
le remendado Mais, patron…
le dancaïre Qu’est-ce que c’est?
le remendado (se levant) Voilà, patron, voilà!…
le dancaïre Allons, passe devant.
le remendado Et moi, qui rêvais que j’allais pouvoir dormir… C’était un rêve, hélas, c’était un rêve! (Il sort suivi du Dancaïre.)
Scène IILes mêmes, moins le Dancaïre et le Remendado. Pendant la scène entre Carmen et José, quelques bohémiens allument un feu près duquel Mercédès et Frasquita viennent s’asseoir, les autres se roulent dans leurs manteaux, se couchent et s’endorment.
don josé Voyons, Carmen… si je t’ai parlé trop durement, je t’en demande pardon, faisons la paix.
carmen Non.
don josé Tu ne m’aimes plus alors?
carmen Ce qui est sûr c’est que je t’aime beaucoup moins qu’autrefois… et que si tu continues à t’y prendre de cette façon-là, je finirai par ne plus t’aimer du tout… Je ne veux pas être tourmentée ni surtout commandée. Ce que je veux, c’est être libre et faire ce qui me plaît.
don josé Tu es le diable, Carmen?
carmen Oui. Qu’est-ce que tu regardes là, à quoi penses-tu?…
don josé Je me dis que là-bas… à sept ou huit lieues d’ici tout au plus, il y a un village, et dans ce village une bonne vielle femme qui croit que je suis encore un honnête homme…
carmen Une bonne vieille femme?
don josé Oui; à ma mère.
carmen Ta mère… Eh bien là, vrai, tu ne ferais pas mal d’aller la retrouver, car décidément tu n’es pas fait pour vivre avec nous… chien et loup ne font pas longtemps bon ménage…
don josé Carmen…
carmen Sans compter que le métier n’est pas sans péril pour ceux qui, comme toi, refusent de se cacher quand ils entendent les coups de fusil… plusieurs des nôtres y ont laissé leur peau, ton tour viendra.
don josé Et le tien aussi… si tu me parles encore de nous séparer et si tu ne te conduis pas avec moi comme je veux que tu conduises… Nous séparer? Écoute, si tu redis ce mot…
carmen Tu me tuerais, peut-être?... (José ne répond pas.) À la bonne heure… j’ai vu plusieurs fois dans les cartes que nous devions finir ensemble. (faisant claquer ses castagnettes) Bah! arrive qui plante…
don josé Tu es le diable!, Carmen?…
carmen Mais oui, je te l’ai déjà dit…
(Elle tourne le dos à José et va s’asseoir près de Mercédès et de Frasquita. Après un instant d’indécision, José s’éloigne à son tour et va s’étendre sur les rochers. Pendant les dernières répliques de la scène, Mercédès et Frasquita ont étalé des cartes devant elles.)
{ n. 20 - Trio }mercédès Mêlons!
frasquita Mêlons!
mercédès Coupons!
frasquita Coupons!
mercédès Bien! c’est cela!
frasquita Bien! c’est cela!
mercédès Trois cartes ici…
frasquita Trois cartes ici…
mercédès Quatre là!
frasquita Quatre là!
mercédès, frasquita Et maintenant, parlez, mes belles, De l’avenir, donnez-nous des nouvelles…
mercédès Dites-nous qui nous trahira!
frasquita Dites-nous qui nous trahira!
mercédès Dites-nous qui nous aimera!
frasquita Dites-nous qui nous aimera!
mercédès, frasquita Parlez, parlez! Dites-nous qui nous trahira, Dites-nous qui nous aimera!
frasquita Parlez!
mercédès Parlez!
frasquita Moi, je vois un jeune amoureux Qui m’aime on ne peut davantage.
mercédès Le mien est très riche et très vieux; Mais il parle de mariage!
frasquita (fièrement) Il me campe sur son cheval, Et dans la montagne il m’entraîne!
mercédès Dans un château presque royal, Le mien m’installe en souveraine!
frasquita De l’amour à n’en plus finir, Tous les jours, nouvelles folies!
mercédès De l’or tant que j’en puis tenir, Des diamants, des pierreries!
frasquita Le mien devient un chef fameux, Cent hommes marchent à sa suite!
mercédès Le mien… en croirai-je mes yeux? Oui… Il meurt! (avec joie) Ah! je suis veuve et j’hérite!
mercédès, frasquita Ah! Parlez encor, parlez, mes belles etc. Dites-nous qui nous trahira! Dites-nous qui nous aimera!
mercédès Fortune!
frasquita Amour!
carmen Voyons, que j’essaie à mon tour. (Carmen tourne les cartes de son côté.) Carreau! Pique! La mort! J’ai bien lu!… moi d’abord, ensuite lui… Pour tous les deux, la mort! En vain, pour éviter les réponses amères, En vain tu mêleras! Cela ne sert à rien, les cartes sont sincères Et ne mentiront pas! Dans le livre d’en haut si ta page est heureuse, Mêle et coupe sans peur, La carte sous tes doigts se tournera joyeuse, T’annonçant le bonheur! Mais si tu dois mourir, si le mot redoutable Est écrit par le sort, Recommence vingt fois, la carte impitoyable Répétera: la mort! (tournant les cartes) Encor! Encor! Toujours la mort!
mercédès, frasquita Parlez encor, parlez, mes belles etc. Parlez encor! Parler encor! Dites-nous qui nous trahira, Dites-nous qui nous aimera!
carmen Encor! Le désespoir! La mort! la mort! Encor… la mort!
mercédès Fortune!
frasquita Amour!
carmen Toujours la mort!
mercédès Encor!
mercédès, frasquita Encor!
mercédès, frasquita, carmen Encor! encor!
(Rentrent le Dancaïre et le Remendado.)
Scène IIILes mêmes, Le Dancaïre, Le Remendado, les bohémiennes, le bohémiens.
{ Dialogue }carmen Eh bien?…
frasquita La route est-elle libre?
le dancaïre Eh bien, j’avais raison de ne pas me fier aux renseignements de Lillas Pastia; nous n’avons pas trouvé son factionnaire, mais en revanche nous avons aperçu trois J’ai vu des douaniers qui gardaient la brèche et qui la gardaient bien, je vous assure… Il faut nous en débarrasser.
carmen Savez-vous les noms à ces douaniers?
le remendado Certainement nous savons leurs noms; qui est-ce qui connaîtrait les douaniers si nous ne les connaissions pas?… Il y avait Eusebio, Perez et Bartolomé…
frasquita Eusebio…
mercédès Perez…
carmen Et Bartolomé… (en riant) N’ayez pas peur, Dancaïre, nous vous en répondons de vos trois douaniers… C’est bon. Ne vous inquiétez pas. On s’occupe de vos douaniers.
don josé (furieux) Carmen!…
le dancaïre Ah! toi, tu vas nous laisser tranquilles avec ta jalousie… le jour vient et nous n’avons pas de temps à perdre… En route, les enfants… (On commence à prendre les ballots.) Quant à toi, (s’adressant à José) Je te confie la garde des marchandises que nous n’emporterons pas… Tu vas te placer là, sur cette hauteur… tu y seras à merveille pour voir si nous sommes suivis…; dans le cas où tu apercevrais quelqu’un, je t’autorise à passer ta colère sur l’indiscret. Nous y sommes?…
le remendado Oui, patron.
le dancaïre En route alors… (aux femmes) Mais vous ne vous flattez pas, vous me répondez vraiment de ces trois douaniers?
carmen N’ayez pas peur, Dancaïre.
{ n. 21 - Morceau d’ensemble }mercédès, frasquita, carmen Quant au douanier, c’est notre affaire! Tout comme un autre, il aime à plaire, Il aime à faire le galant! Ah! Laissez-nous passer en avant!
mercédès, frasquita, carmen, les bohémiennes Quant au douanier, c’est notre affaire etc. Ah! Laissez-nous passer en avant!
le remendado, le dancaïre, les bohémiens Quant au douanier, c’est leur affaire! Ah! Laissons-les passer en avant!
tous Il aime à plaire!
mercédès Le douanier sera clément!
tous Il est galant!
carmen Le douanier sera charmant!
tous Il aime à plaire!
frasquita Le douanier sera galant!
mercédès Oui, le douanier sera même entreprenant!
mercédès, frasquita, carmen Oui, le douanier, c’est notre affaire etc.
le remendado, le dancaïre, les bohémiens Quant au douanier, c’est leur affaire etc.
mercédès, frasquita, carmen Il ne s’agit pas de bataille; Non, il s’agit tout simplement De se laisser prendre la taille Et d’écouter un compliment. S’il faut aller jusqu’au sourire, Que voulez-vous! on sourira!
mercédès, frasquita, carmen, les bohémiennes Et d’avance, je puis le dire, La contrebande passera! En avant! marchons! allons! en avant! Le douanier, c’est notre affaire etc.
le remendado, le dancaïre, les bohémiens Le douanier, c’est leur affaire etc.
(Sortie générale.)
Scène IVLe guide, puis Micaëla. { Dialogue }le guide (s’avance avec précaution, puis fait un signe à Micaëla que l’on ne voit pas encore) Nous y sommes.
micaëla (entrant) C’est ici.
le guide Oui, vilain endroit, n’est-ce pas, et pas rassurant du tout?
micaëla Je ne vois personne.
le guide Ils viennent de partir, mais ils reviendront bientôt car ils n’ont pas emporté toutes leurs marchandises… je connais leurs habitudes… prenez garde… l’un de leurs doit être en sentinelle quelque part et si l’on nous apercevait…
micaëla Je l’espère bien qu’on m’apercevra… puisque je suis venue ici tout justement pour parler à… pour parler à un de ces contrebandiers…
le guide Eh bien là, vrai, vous pouvez vous vanter d’avoir du courage… tout à l’heure quand nous nous sommes trouvés au milieu de ce troupeau de taureaux sauvages que conduisait le célèbre Escamillo, vous n’avez pas tremblé… Et maintenant venir ainsi affronter ces Bohémiens…
micaëla Je ne suis pas facile à effrayer.
le guide Vous dites cela parce que je suis près de vous, mais si vous étiez toute seule…
micaëla Je n’aurais pas peur, je vous assure.
le guide Bien vrai?…
micaëla Bien vrai…
le guide (naïvement) Alors je vous demanderai la permission de m’en aller. J’ai consenti à vous servir de guide parce que vous m’avez bien payé; mais maintenant que vous êtes arrivée… si ça ne vous fait rien, j’irai vous attendre là, où vous m’avez pris… à l’auberge qui est au bas de la montagne.
micaëla C’est cela, allez m’attendre!
le guide Vous restez décidément?
micaëla Oui, je reste!
le guide Que tous les saints du paradis vous soient en aide alors!
(Il sort.)
Scène VMicaëla seule.
micaëla (regardant autour d’elle) Mon guide avait raison… l’endroit n’a rien de rassurant… { n. 22 - Air }Je dis que rien ne m’épouvante, Je dis, hélas! que je réponds de moi; Mais j’ai beau faire la vaillante, Au fond du coeur, je meurs d’effroi! Seule en ce lieu sauvage, Toute seule j’ai peur, Mais j’ai tort d’avoir peur; Vous me donnerez du courage, Vous me protégerez, Seigneur! Je vais voir de près cette femme Dont les artifices maudits Ont fini par faire un infâme De celui que j’aimais jadis! Elle est dangereuse… elle est belle!… Mais je ne veux pas avoir peur!… Je parlerai haut devant elle… Ah! Seigneur, vous me protégerez! Seigneur, vous me protégerez! ah! Je dis que rien ne m’épouvante etc. Protégez moi! Ô Seigneur! Donnez moi du courage! Protégez moi! Ô Seigneur! { Dialogue }Mais… je ne me trompe pas… à cents pas d’ici… sur ce rocher, c’est Don José. (appelant) José! José! (avec terreur) Mais que fait-il? il ne regarde pas de mon côté… il arme sa carabine, il ajuste… il fait feu… (On entend un coup de feu.) Ah! mon Dieu, j’ai trop présumé de mon courage… j’ai peur… j’ai peur…
(Elle disparaît derrière les rochers. Au même moment, entre Escamillo tenant son chapeau à la main.)
Scène VIEscamillo, puis Don José.
escamillo (regardant son chapeau) Quelques lignes plus bas… et ce n’est pas moi qui, à la course prochaine, aurais eu le plaisir de combattre les taureaux que je suis en train de conduire… (Entre José.)
don josé (son couteau à la main) Qui êtes-vous? Vôtre nom, répondez.
escamillo (très calme) Eh là… doucement! { n. 23 - Duo }Je suis Escamillo, toréro de Grenade.
don josé Escamillo!
escamillo C’est moi!
don josé Je connais votre nom. Soyez le bienvenu; mais vraiment, camarade, Vous pouviez y rester.
escamillo (avec insouciance) Je ne vous dis pas non. Mais je suis amoureux, mon cher, à la folie! (gaîment) Et celui-là serait un pauvre compagnon Qui pour voir ses amours ne risquerait sa vie!
don josé Celle que vous aimez est ici?
escamillo Justement. C’est une zingara, mon cher…
don josé Elle s’appelle?
escamillo Carmen.
don josé Carmen!
escamillo Carmen, oui, mon cher. Elle avait pour amant, Un soldat qui jadis a déserté pour elle.
don josé (à part) Carmen!
escamillo Ils s’adoraient! mais c’est fini, je crois, Les amours de Carmen ne durent pas six mois.
don josé Vous l’aimez cependant!
escamillo Je l’aime!
don josé Vous l’aimez cependant!…
escamillo Je l’aime, Oui, mon cher, je l’aime, Je l’aime à la folie!
don josé Mais pour nous enlever nos filles de Bohême, Savez-vous bien qu’il faut payer?
escamillo (gaîment) Soit! on paiera, soit! on paiera.
don josé (menaçant) Et que le prix se paie à coups de navaja!
escamillo (surpris) À coups de navaja!
don josé Comprenez-vous?
escamillo (avec ironie) Le discours est très net. Ce déserteur, ce beau soldat qu’elle aime, Ou du moins qu’elle aimait, c’est donc vous?
don josé Oui, c’est moi-même!
escamillo J’en suis ravi, mon cher! Et le tour est complet!
don josé Enfin ma colère Trouve à qui parler, Le sang, je l’espère, Va bientôt couler!
escamillo Quelle maladresse, J’en rirais, vraiment! Chercher la maîtresse Et trouver l’amant!
don josé, escamillo Mettez-vous en garde Et veillez sur vous! Tant pis pour qui tarde À parer les coups! (Ils se mettent en garde.)
escamillo Je la connais, ta garde navarraise, Et je te préviens en ami Qu’elle ne vaut rien. (Don José, sans répondre marche sur Escamillo.) À ton aise! Je t’aurai du moins averti. (Combat. Escamillo, très calme, cherche seulement à se défendre.)
don josé (furieux) Tu m’épargnes, maudit!
escamillo À ce jeu de couteau, Je suis trop fort pour toi!
don josé Voyons cela!
(Le combat recommence. Don José se trouve à la merci d’Escamillo.)
escamillo Tout beau! Ta vie est à moi, (noblement) Mais en somme, J’ai pour métier de frapper le taureau, Non de trouer le coeur de l’homme!
don josé Frappe ou bien meurs! ceci n’est pas un jeu!
escamillo Soit! mais au moins, respire un peu!
don josé En garde!
escamillo En garde!
don josé, escamillo Mettez-vous en garde etc.
(La navaja d’Escamillo se brise. Don José va le frapper.)
Scène VIILes mêmes, Carmen, le Dancaïre, le Remendado, Micaëla, Mercédès, Frasquita, les bohémiennes et les bohémiens. { n. 24 - Final }carmen (arrêtant le bras de Don José) Holà! holà! José!
escamillo (à Carmen) Vrai! j’ai l’âme ravie Que ce soit vous, Carmen, qui me sauviez la vie! (à Don José, gaîment mais avec fierté) Quant à toi, beau soldat: Nous sommes manche à manche, Et nous jouerons la belle, Le jour où tu voudras reprendre le combat!
le dancaïre (s’interposant) C’est bon, c’est bon! plus de querelle! Nous, nous allons partir. (à Escamillo) Et toi… et toi l’ami, bonsoir!
escamillo Souffrez au moins qu’avant de vous dire au revoir, Je vous invite tous aux courses de Séville. Je compte pour ma part y briller de mon mieux. Et qui m’aime y viendra! (regardant Carmen) Et qui m’aime y viendra! (froidement à Don José, qui a fait un geste menaçant) L’ami, tiens-toi tranquille! J’ai tout dit… (regardant Carmen) Oui, j’ai tout dit… et je n’ai plus ici qu’à faire mes adieux!…
(Escamillo sort lentement. Don José veut s’élancer sur lui, mais il est retenu par le Dancaïre et le Remendado.)
don josé (à Carmen, menaçant, mais contenu) Prends garde à toi… Carmen, je suis las de souffrir!
le dancaïre En route, en route, il faut partir!
tous les bohémiens En route, en route, il faut partir!
le remendado Halte! quelqu’un est là qui cherche à se cacher. (Il amène Micaëla.)
carmen Une femme!
le dancaïre Pardieu! la surprise est heureuse!
don josé (reconnaissant Micaëla) Micaëla!
micaëla (avec joie) Don José!
don josé Malheureuse! Que viens-tu faire ici?
micaëla Moi! je viens te chercher! Là-bas est la chaumière Où sans cesse priant, Une mère, ta mère, Pleure, hélas! sur son enfant! Elle pleure et t’appelle, Elle pleure et te tend les bras! Tu prendras pitié d’elle, José, ah! José, tu me suivras!
carmen (à Don José) Va-t’en, va-t’en, tu feras bien, notre métier ne te vaut rien!
don josé (à Carmen) Tu me dis de la suivre!…
carmen Oui, tu devrais partir.
don josé Tu me dis de la suivre… Pour que toi… tu puisses courir Après ton nouvel amant! Non! non vraiment! (résolument) Dût-il m’en coûter la vie, Non, Carmen, je ne partirai pas! Et la chaîne qui nous lie Nous liera jusqu’au trépas!…
micaëla (à Don José) Écoute-moi, je t’en prie, Ta mère te tend les bras! Cette chaîne qui te lie, José, tu la briseras!
mercédès, frasquita, le remendado, le dancaïre, les bohémiennes, les bohémiens (à Don José) Il t’en coûtera la vie, José, si tu ne pars pas, Et la chaîne qui vous lie Se rompra par ton trépas!
don josé (à Micaëla) Laisse-moi!
micaëla Hélas! José!
don josé Car je suis condamné!
mercédès, frasquita, le remendado, les bohémiens José! prends garde!
don josé (saisissant Carmen, avec emportement) Ah! je te tiens, fille damnée! Je te tiens, et je te forcerai bien À subir la destinée Qui rive ton sort au mien! Dût-il m’en coûter la vie, Non, je ne partirai pas!
mercédès, frasquita, le remendado, les bohémiens Ah! prends garde, Don José!
micaëla (avec autorité) Une parole encore; (tristement) Ce sera la dernière! Hélas, José, ta mère se meurt… et ta mère Ne voudrait pas mourir sans t’avoir pardonné!
don josé Ma mère! elle se meurt!
micaëla Oui, Don José!
don josé Partons! ah! partons! (Il fait quelques pas; puis, s’arrêtant, à Carmen) Sois contente… je pars… mais… nous nous reverrons! (Don José entraîne Micaëla; en entendant la voix d’Escamillo, il s’arrête hésitant.)
escamillo (dans la coulisse) Toréador, en garde etc.
(Carmen veut s’élancer; Don José, menaçant, lui barre le passage.)
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{ Intermezzo }
Atto III
Un luogo selvaggio sulla montagna.
Scena ICarmen, Don José, il Dancairo, il Remendado, Mercedes, Frasquita, zingare e zingari. Al levarsi del sipario alcuni contrabbandieri sono coricati qua e là avvolti nei loro mantelli. Entrata degli zingari.
{ n. 19 - Sestetto e Coro }alcuni zingari Ascolta, compagno, ascolta! La fortuna è laggiù, laggiù; Ma attento, lungo la strada, Attento a non fare un passo falso! Ascolta, compagno, ascolta ecc.
mercedes, frasquita, carmen, don josé,
Il nostro mestiere è bello; ma per farlo bisogna Avere un’anima forte! Il pericolo è in alto, È in basso, è in alto, È dovunque, che importa! Andiamo avanti incuranti del torrente, Incuranti del torrente, incuranti della tempesta! Incuranti del soldato che ci aspetta laggiù, Di vedetta al nostro passaggio, Incuranti andiamo avanti! Ascolta, ascolta, compagno ecc.
tutti gli zingari Amico, è laggiù la fortuna, Ascolta, ascolta, compagno, Attento, lungo la strada, Attento a non fare un passo falso! Sì, la fortuna è laggiù! Attento a non fare un passo falso!
mercedes, frasquita, carmen, le zingare Ascolta, compagno, ascolta ecc.
don josé, il remendado, il dancairo, gli zingari Compagno, ascolta ecc.
tutti Attento! Attento!
{ Dialogo }il dancairo Alt! ci fermeremo qui… quelli che hanno sonno potranno dormire una mezz’ora…
il remendado (stendendosi con voluttà) Ah!
il dancairo Io, invece, vado a vedere se c’è mezzo di far entrare le mercanzie in città… si è fatta una breccia nel muro di cinta e potremmo passare di là: purtroppo hanno messo una sentinella per far la guardia alla breccia.
don josé Lillas Pastia ci ha fatto sapere che, questa notte, la sentinella sarà uno dei nostri…
il dancairo Sì, ma Lillas Pastia potrebbe essersi sbagliato… la sentinella di cui parla potrebbe essere cambiata… Prima di proseguire, non mi sembra una cattiva idea controllare personalmente… (chiamando) Remendado!…
il remendado (svegliandosi) Eh?
il dancairo In piedi, tu vieni con me…
il remendado Ma, capo…
il dancairo Che c’è?…
il remendado (alzandosi) Ecco fatto, capo!…
il dancairo Andiamo, passa davanti.
il remendado E io che sognavo di poter dormire… Era un sogno, ohimè, era un sogno! (Esce, seguito dal Dancairo.)
Scena IIGli stessi, tranne il Dancairo e il Remendado. Durante la scena fra Carmen e José, alcuni zingari accendono un fuoco presso il quale vengono a sedersi Mercedes e Frasquita, gli altri si avvolgono nei loro mantelli, si stendono per terra e si addormentano.
don josé Su, Carmen… se ti ho parlato troppo duramente, ti chiedo scusa, facciamo la pace.
carmen No.
don josé Non mi ami più allora?
carmen Di sicuro, ti amo molto meno di prima… e se continui a comportarti in quel modo, finirò per non amarti del tutto… Non voglio che mi si tormenti, e soprattutto che mi si comandi. Quello che voglio, è essere libera e fare quello che mi piace.
Sei il diavolo, Carmen?
carmen Sì. Cosa stai guardando là, a cosa pensi?…
don josé Mi dico che laggiù… a sette o otto leghe al massimo da qui, c’è un villaggio, e in questo villaggio una buona vecchia che mi crede ancora un uomo onesto…
Una buona vecchia?
don josé Sì; a mia madre.
carmen Tua madre… Ma allora, davvero, non faresti male ad andare da lei, poiché decisamente non sei fatto per vivere con noi… cani e lupi non vanno d’accordo…
don josé Carmen…
carmen Senza contare che il mestiere non è senza pericolo per quelli che, come te, rifiutano di nascondersi quando sentono i colpi di fucile… molti dei nostri ci hanno lasciato la pelle, verrà il tuo turno.
don josé E anche il tuo… se mi parli ancora di separarci e se non ti
comporti con me come voglio io… Lasciarci? Ascolta, se dici un’altra volta…
carmen Mi uccideresti, forse?… (José non risponde.) Alla buon’ora… ho visto spesso nelle carte che dovevamo finire insieme. (facendo suonare le sue nacchere) Bah! accada quel che deve…
don josé Sei il diavolo!, Carmen?…
carmen Ma sì, te l’ho già detto…
(Volta le spalle a José e va a sedersi presso Mercedes e Frasquita. Dopo un istante d’indecisione, José si allontana a sua volta e va a sdraiarsi sulle rocce. Durante le ultime battute, Mercedes e Frasquita hanno messo davanti a sé delle carte da gioco.)
{ n. 20 - Terzetto }mercedes Mescoliamo!
frasquita Mescoliamo!
mercedes Tagliamo!
frasquita Tagliamo!
mercedes Va bene così!
frasquita Va bene così!
mercedes Tre carte qui…
frasquita Tre carte qui…
mercedes Quattro là!
frasquita Quattro là!
mercedes, frasquita Ed ora, parlate, mie belle, Dell’avvenire dateci novelle…
mercedes Diteci chi ci tradirà!
frasquita Diteci chi ci tradirà!
mercedes Diteci chi ci amerà!
frasquita Diteci chi ci amerà!
mercedes, frasquita Parlate, parlate! Diteci chi ci tradirà, Diteci chi ci amerà!
frasquita Parlate!
mercedes Parlate!
frasquita Io vedo un giovane innamorato Che mi ama quanto più non si può.
mercedes Il mio è molto ricco e vecchio; Ma parla di matrimonio!
frasquita (fieramente) Mi mette sul suo cavallo, Mi porta sulla montagna!
mercedes In un castello quasi regale, Il mio mi installa sovrana!
frasquita Amore a non finire, Ogni giorno, nuove follie!
mercedes Oro quanto ne posso prendere, Diamanti, pietre preziose!
frasquita Il mio diventa un capo famoso, Dietro a lui marciano cento uomini!
mercedes Il mio… non credo ai miei occhi! Sì… Muore! (con gioia) Ah! sono vedova ed eredito!
mercedes, frasquita Ah! Parlate ancora, parlate, mie belle ecc. Diteci chi ci tradirà, Diteci chi ci amerà!
mercedes Fortuna!
frasquita Amore!
carmen Vediamo, ch’io provi a mia volta. (Carmen a sua volta gira le carte.) Quadri! Picche! La morte! Ho letto bene… prima io, poi lui… Per tutti e due, la morte! Invano per evitare risposte amare, Invano le mischierai, Non serve a nulla, le carte sono sincere E non mentiranno! Se nel libro di lassù la tua pagina è fortunata, Mischia e taglia senza paura; La carta si volterà con gioia sotto le tue dita, Annunciandoti la felicità! Ma se devi morire, se la tremenda parola È scritta dalla sorte, Ricomincia venti volte, la carta impietosa Ripeterà: la morte! (voltando le carte) Ancora! Ancora! Sempre la morte!
Parlate ancora, parlate, mie belle ecc. Parlate ancora! Parlate ancora! Diteci chi ci tradirà, Diteci chi ci amerà!
carmen Ancora! La disperazione! La morte! La morte! Ancora… la morte!
mercedes Fortuna!
frasquita Amore!
carmen Sempre la morte!
mercedes Ancora!
mercedes, frasquita Ancora!
mercedes, frasquita, carmen Ancora! ancora!
(Rientrano il Dancairo e il Remendado.)
Scena IIILe stesse, il Dancairo, il Remendado, le zingare, gli zingari.
{ Dialogo }carmen Ebbene?…
frasquita La strada è libera?
il dancairo Ebbene, avevo ragione a non fidarmi delle informazioni di Lillas Pastia; non abbiamo trovato la sua sentinella, ma, in cambio, abbiamo trovato tre Ho visto dei doganieri che custodivano la breccia, e che la custodivano bene, potete credermi… Dobbiamo liberarcene.
carmen Sapete i nomi, di questi doganieri?
il remendado Certo che li sappiamo; chi conosce i doganieri meglio di noi?… C’erano Eusebio, Perez e Bartolomeo…
Eusebio…
mercedes Perez…
carmen E Bartolomeo… (ridendo) Non temete, Dancairo, rispondiamo noi, dei vostri tre doganieri… Sta bene. Non vi preoccupate. Ci occupiamo noi dei vostri doganieri
don josé (furioso) Carmen!…
il dancairo Ah! ma tu ci lascerai tranquilli, con la tua gelosia… si fa giorno e non abbiamo tempo da perdere… In cammino, ragazzi… (Cominciano a prendere gli involti.) Quanto a te, (rivolgendosi a José) ti affido la guardia delle mercanzie che non porteremo con noi… Va’ a metterti là, in alto… sarai piazzato benissimo per vedere se siamo seguiti… nel caso in cui scorgessi qualcuno, t’autorizzo a sfogare la tua ira sull’indiscreto. Siamo pronti?…
il remendado Sì, capo.
il dancairo In cammino allora… (alle donne) Ma siete sicure, rispondete davvero di quei tre doganieri?
Niente paura, Dancairo.
{ n. 21 - Pezzo d’assieme }mercedes, frasquita, carmen È affar nostro, il doganiere! Come ogn’altro, ama piacere, Ama fare il galante! Ah! Lasciateci passare avanti!
mercedes, frasquita, carmen, le zingare È affar nostro il doganiere ecc. Ah! Lasciateci passare avanti!
È affar loro il doganiere! Ah! Lasciatele passare avanti!
tutti Ama piacere!
mercedes Il doganiere sarà clemente!
tutti È galante!
carmen Il doganiere sarà affascinante!
tutti Ama piacere!
frasquita Il doganiere sarà galante!
mercedes Sì, il doganiere sarà perfino intraprendente!
mercedes, frasquita, carmen Sì, è affar nostro, il doganiere ecc.
il remendado, il dancairo, gli zingari È affar loro, il doganiere ecc.
mercedes, frasquita, carmen Non si tratta di battaglia; No, si tratta semplicemente Di lasciarsi prendere alla vita E di ascoltare un complimento. Se bisogna arrivare al sorriso, Che volete? si sorriderà!
mercedes, frasquita, carmen, le zingare E lo posso già anticipare, Il contrabbando passerà! Avanti in marcia! andiamo! avanti! È affar nostro, il doganiere ecc.
il remendado, il dancairo, gli zingari È affar loro, il doganiere ecc.
(Uscita generale.)
Scena IVLa guida, poi Micaela. { Dialogo }la guida (avanza con precauzione, poi fa un segno a Micaela che non è ancora visibile) Ci siamo.
micaela (entrando) È qui.
la guida Sì, brutto posto, vero? e per nulla rassicurante!
micaela Non vedo nessuno.
la guida Sono appena partiti, ma ritorneranno presto, poiché non hanno portato via tutte le loro mercanzie… conosco le loro abitudini… state attenta… uno di loro deve essere di sentinella da qualche parte, e se ci scorgessero…
micaela Spero proprio che mi scorgano… poiché sono venuta qui appunto per parlare a… per parlare a uno di quei contrabbandieri…
la guida Quanto a questo, potete vantarvi di averne, del coraggio… un momento fa, quando ci siamo trovati in mezzo a quella mandria di tori guidati dal celebre Escamillo, non avete tremato… E ora, venire ad affrontare così questi zingari…
micaela Non mi spavento facilmente.
la guida Dite così perché ci sono io vicino a voi, ma se foste sola…
micaela Non avrei paura, vi assicuro.
la guida Davvero?…
micaela Davvero…
la guida (ingenuamente) Allora vi chiederò il permesso di andarmene. Ho acconsentito a farvi da guida perché mi avete pagato bene; ma, ora che siete arrivata… se non vi importa, andrò ad aspettarvi dove mi avete trovato… all’albergo che sta ai piedi della montagna.
micaela D’accordo, andate ad aspettarmi!
la guida Voi restate, è deciso?
micaela Sì, resto!
la guida Che tutti i santi del paradiso vi soccorrano, allora!
(Esce.)
Scena VMicaela sola.
micaela (guardando intorno a sé) La guida aveva ragione… il posto non è rassicurante.
{ n. 22 - Aria }Dico che nulla mi spaventa, Dico, ahimè!, che rispondo di me; Ma ho un bel fare la coraggiosa, In fondo al cuore muoio di paura! Sola in questo luogo selvaggio, Tutta sola ho paura, Ma ho torto di aver paura; Voi mi darete forza, Voi mi proteggerete, Signore! Vado a vedere da vicino quella donna Le cui arti maledette Hanno finito col fare un infame Dell’uomo che un tempo amai! È pericolosa… è bella!… Ma non voglio aver paura!… Parlerò schietto davanti a lei… Ah! Voi mi proteggerete, Signore! Voi mi proteggerete, Signore! Ah! Dico che nulla mi spaventa ecc. Proteggetemi! O Signore! Datemi coraggio! Proteggetemi! O Signore! { Dialogo }Ma… non mi sbaglio… a cento passi da qui… su quella roccia, c’è Don José. (chiamando) José, José! (con terrore) Ma cosa fa?… non guarda dalla mia parte… arma la carabina, prende la mira… spara… (Si sente un colpo d’arma da fuoco.) Ah! mio Dio, ho sopravvalutato il mio coraggio… ho paura… ho paura.
(Scompare dietro le rocce. Nello stesso momento entra Escamillo col cappello in mano.)
Scena VIEscamillo, poi Don José.
escamillo (guardando il suo cappello) Qualche centimetro più in basso… e non sarei stato io, alla prossima corrida, ad aver il piacere di combattere i tori che sto guidando… (Entra José.)
Chi siete? Il vostro nome, rispondete.
escamillo (calmissimo) Ehi là… calma! { n. 23 - Duetto }Sono Escamillo, torero di Granada!
don josé Escamillo!
escamillo Sono io!
don josé Conosco il vostro nome, Siate il benvenuto; ma davvero, amico, Potevate restarci secco.
escamillo (con noncuranza) Non dico di no. Ma sono innamorato, mio caro, alla follia! (con allegria) E sarebbe un pover’uomo Chi, per vedere il suo amore, non rischiasse la vita!
don josé Quella che amate è qui?
escamillo Appunto. È una zingara, mio caro…
don josé Si chiama?
escamillo Carmen.
don josé Carmen!
escamillo Carmen! sì, mio caro. Aveva per amante Un soldato che per lei divenne disertore.
don josé (a parte) Carmen!
escamillo Si adoravano! ma è finita, credo, Gli amori di Carmen non durano sei mesi.
don josé Eppure voi l’amate!
escamillo L’amo!
don josé Eppure voi l’amate!…
escamillo L’amo, Sì, mio caro, l’amo, L’amo alla follia!
don josé Ma per rapirci le nostre zingare,
Sapete bene che si deve pagare?
D’accordo! si pagherà. D’accordo! si pagherà.
don josé (minaccioso) E che il prezzo si paga a colpi di navaja!
escamillo (sorpreso) A colpi di navaja!
don josé Capite?
escamillo (con ironia) Il discorso è chiaro. Quel disertore, quel bel soldato che lei ama, O almeno che amava, siete voi, allora?
don josé Sì, in persona!
escamillo A meraviglia, mio caro, Così il cerchio si chiude!
don josé Infine la mia collera Trova quello a cui parlare! Il sangue, lo spero, Presto comincerà a scorrere!
escamillo Che disdetta, Da far ridere veramente! Cercare l’amichetta E trovarne l’amante!
don josé, escamillo Mettetevi in guardia E vegliate su voi! Tanto peggio per chi tarda A parare i colpi! (Si mettono in guardia.)
escamillo La conosco, la tua guardia navarrese, E ti prevengo, da amico, Che non vale niente. (Don José, senza rispondere, avanza su Escamillo.) Come vuoi tu! Ti avrò almeno avvertito (Si battono. Escamillo, calmissimo, cerca solo di difendersi.)
don josé (furioso) Mi stai risparmiando, maledetto!
escamillo A questo gioco di coltello, Sono troppo forte per te!
don josé La vedremo!
(Ricomincia il combattimento. Don José si trova alla mercé di Escamillo.)
escamillo Perfetto! La tua vita è mia, (con nobiltà) Ma insomma, Il mio mestiere è di colpire il toro, Non di bucare il cuore dell’uomo!
don josé Colpisci o muori! questo non è un gioco!
escamillo D’accordo! ma almeno prendi fiato!
don josé In guardia!
escamillo In guardia!
don josé, escamillo Mettetevi in guardia ecc.
(La navaja di Escamillo si spezza. Don José sta per colpirlo.)
Scena VIIGli stessi, Carmen, il Dancairo, il Remendado, Micaela, Mercedes, Frasquita, le zingare, gli zingari.
{ n. 24 - Finale }carmen (fermando il braccio di Don José) Olà! olà! José!
escamillo (a Carmen) In verità! ho l’anima rapita Che siate voi, Carmen, a salvarmi la vita! (a Don José, con allegria ma con fierezza) Quanto a te, bel soldato: Siamo pari, E ci giocheremo la bella Quando vorrai riprendere il duello!
il dancairo (interponendosi) Bene, bene! basta liti! Noi ce ne andiamo. (a Escamillo) E tu… e tu, amico, buonasera.
escamillo Accettate almeno che prima di dirvi arrivederci, Vi inviti tutti alle corride di Siviglia. Per parte mia conto brillarvi al meglio. E chi m’ama verrà! (guardando Carmen) E chi m’ama verrà! (freddamente a Don José, che ha fatto un gesto minaccioso) Amico, sta’ calmo! Ho detto tutto. (guardando Carmen) Ho detto tutto!… E devo solo fare i miei saluti!…
(Escamillo esce lentamente. Don José vuole lanciarsi su di lui, ma è trattenuto dal Dancairo e dal Remendado.)
don josé (a Carmen, minaccioso, ma contenuto) Attenta a te… Carmen, sono stanco di soffrire!
il dancairo In cammino, in cammino, bisogna partire!
tutti gli zingari In cammino, in cammino, bisogna partire!
il remendado Alt! c’è qualcuno che cerca di nascondersi. (Conduce Micaela.)
carmen Una donna!
il dancairo Perdio! Che bella sorpresa!
don josé (riconoscendo Micaela) Micaela!
micaela (con gioia) Don José!
don josé Infelice! Che vieni a fare qui?
micaela Io, io vengo a cercarti! Laggiù c’è la casetta, Dove, sempre pregando, Una madre, tua madre, Piange, ohimè!, su suo figlio! Piange e ti chiama, Piange e ti tende le braccia! Avrai pietà di lei, José, ah! José, mi seguirai!
carmen (a Don José) Va’, va’, farai bene, Il nostro mestiere non fa per te.
don josé (a Carmen) Mi dici di seguirla!…
carmen Sì, dovresti andartene.
don josé Mi dici di seguirla… Perché tu… possa correre Dal tuo nuovo amante! No! No davvero! (risolutamente) Dovesse costarmi la vita, No, Carmen, non me ne andrò! E la catena che ci lega Ci legherà fino alla morte!…
micaela (à Don José) Ascoltami, ti prego, Tua madre ti tende le braccia! Questa catena che ti lega, José, tu la spezzerai!
mercedes, frasquita, il remendado, gli zingari (a Don José) Ti costerà la vita, José, se non te ne vai, E la catena che vi lega Si romperà con la tua morte!
don josé (a Micaela) Lasciami!
micaela Ohimè! José!
don josé Poiché sono condannato!
mercedes, frasquita, il remendado, gli zingari José! sta’ attento!
don josé (afferrando Carmen, senza più controllarsi) Ah! ti tengo, maledetta, Ti tengo, e saprò ben forzarti A subire il destino Che inchioda alla mia la tua sorte! Dovesse costarmi la vita, No, non me ne andrò!
mercedes, frasquita, il remendado, gli zingari Ah! sta’ attento, Don José!
micaela (con autorità) Ancora una parola, (tristemente) Sarà l’ultima! Ohimè! José, tua madre sta morendo… e tua madre Non vorrebbe morire senza averti perdonato!
don josé Mia madre! sta morendo!
micaela Sì, Don José!
don josé Partiamo! ah! partiamo! (Fa qualche passo; poi, fermandosi, a Carmen) Sarai contenta… io parto… ma… ci rivedremo! (Don José conduce via Micaela; sentendo la voce di Escamillo, si ferma esitando.)
escamillo (dietro le quinte) Toreador, attento ecc.
(Carmen sta per slanciarsi; Don José, minaccioso, le sbarra il passo.)
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{ Entr’acte }
Acte IV
Une place à Séville. Au fond du théâtre les murailles de vielles arènes. L’entrée du cirque est fermée par un long velum.
Scène IZuniga, Frasquita, Mercédès, marchands et marchandes, la foule, les enfants, une marchande d’oranges, un bohémien; puis Carmen et Escamillo.
{ n. 25 - Chœur }marchands et marchandes d’éventails, d’oranges, de programmes, d’eau, de cigarettes et de vin À deux cuartos! À deux cuartos!
marchandes d’éventails Des éventails pour s’éventer!
marchandes d’oranges Des oranges pour grignoter!
marchands de programmes Le programme avec les détails!
marchands de vins Du vin!
marchands d’eau De l’eau!
marchands de cigarettes Des cigarettes!
tous les marchands À deux cuartos! Voyez! à deux cuartos! Séñoras et caballeros!
zuniga Des oranges… vite!
plusieurs marchandes d’oranges (à Frasquita et à Mercédès) En voici! Prenez, prenez, mesdemoiselles.
une marchande d’oranges (à Zuniga qui la paie) Merci, mon officier, merci!
plusieurs marchandes d’oranges (à Zuniga) Celles-ci, séñor, sont plus belles!
marchandes d’éventails Des éventails pour s’éventer!
marchandes d’oranges Des oranges pour grignoter!
marchands de programmes Le programme avec les détails!
marchands de vin Du vin!
marchands d’eau De l’eau!
marchands de cigarettes Des cigarettes!
zuniga Holà! Des éventails!
un bohémien (à Zuniga qui le repousse) Voulez-vous aussi des lorgnettes?
tous les marchands À deux cuartos! Voyez! à deux cuartos! Séñoras et caballeros! À deux cuartos! Voyez! voyez!
{ Dialogue }zuniga Qu’avez-vous donc fait de la Carmencita? Je ne la vois pas.
frasquita Nous la verrons tout à l’heure… Escamillo est ici, la Carmencita ne doit pas être loin.
moralès Ah! c’est Escamillo, maintenant?…
mercédès Elle en est folle…
frasquita Et son ancien amoureux José, sait-on ce qu’il est devenu?…
zuniga Il a reparu dans le village où sa mère habitait… l’ordre avait même été donné de l’arrêter, mais quand les soldats sont arrivés, José n’était plus là…
mercédès En sorte qu’il est libre?
zuniga Oui, pour le moment.
frasquita Hum! je ne serais pas tranquille à la place de Carmen, je ne serais pas tranquille du tout.
{ n. 26 - Marche et Chœur }les enfants (entrant) Les voici! les voici! Voici la quadrille!
la foule Les voici! Oui, les voici! Voici la quadrille!
la foule, les enfants Les voici! voici la quadrille, La quadrille des toréros! Sur les lances, le soleil brille! En l’air toques et sombréros! Les voici, voici la quadrille, La quadrille des toréros! Les voici!
(Le défilé commence. Les paroles du chœur en indiquent la mise en scène.)
les enfants Voici, débouchant sur la place, Voici d’abord, marchant au pas, L’alguazil à vilaine face. À bas! à bas! à bas! à bas!
la foule À bas l’alguazil! à bas!
les enfants À bas! à bas! à bas! à bas!
la foule, les enfants À bas!
(Entrée des chulos et des banderilleros.)
la foule Et puis saluons au passage, Saluons les hardis chulos! Bravo! viva! gloire au courage! Voici les hardis chulos! Voyez les banderilleros, Voyez quel air de crânerie! Voyez! Voyez!
les enfants Voyez!
la foule Voyez quels regards, et de quel éclat Étincelle la broderie De leur costume de combat!
les enfants Voyez!
la foule, les enfants Voici les banderilleros!
les enfants Une autre quadrille s’avance!
la foule Une autre quadrille s’avance!
la foule, les enfants Voyez les picadors! Comme ils sont beaux! Comme ils vont du fer de leur lance Harceler le flanc des taureaux!
la foule L’Espada! L’Espada! L’Espada!
les enfants Escamillo!
la foule Escamillo! Escamillo! Escamillo!
(Escamillo ayant près de lui Carmen radieuse et dans un costume éclatant.)
la foule, les enfants Escamillo! C’est l’Espada, la fine lame, Celui qui vient terminer tout, Qui paraît à la fin du drame Et qui frappe le dernier coup! Vive Escamillo! Ah! bravo! Les voici, voici la quadrille etc.
la foule Escamillo! Bravo!
les enfants Vive Escamillo! Ah! Vive Escamillo!
la foule, les enfants Vive Escamillo! Ah! Vive Escamillo! Bravo!
escamillo (à Carmen) Si tu m’aimes, Carmen, tu pourras, tout à l’heure, Être fière de moi! Si tu m’aimes!
carmen Ah! je t’aime, Escamillo, et que je meure Si j’ai jamais aimé quelqu’un autant que toi!
carmen, escamillo Ah! je t’aime! Oui, je t’aime!
plusieurs voix Place! place! place au seigneur alcade!
(L’alcade paraît au fond, accompagné d’alguazils, il entre dans le cirque, suivi de la quadrille, de la foule etc.)
frasquita Carmen, un bon conseil… ne reste pas ici.
carmen Et pourquoi, s’il te plaît?
mercédès Il est là.
carmen Qui donc?
mercédès Lui! Don José! dans la foule il se cache, regarde…
carmen Oui, je le vois.
frasquita Prends garde!
carmen Je ne suis pas femme à trembler devant lui… Je l’attends et je vais lui parler.
mercédès Carmen, crois-moi, prends garde!
carmen Je ne crains rien!
frasquita Prends garde!
(La foule est entrée dans le cirque, Frasquita et Mercédès y pénètrent à leur tour. Carmen et Don José restent seuls.)
Scène IICarmen, Don José, puis la foule.
{ n. 27 - Duo et Chœur final }carmen (bref) C’est toi!
don josé C’est moi!
carmen L’on m’avait avertie Que tu n’étais pas loin, que tu devais venir; L’on m’avait même dit de craindre pour ma vie; Mais je suis brave! je n’ai pas voulu fuir.
don josé Je ne menace pas… j’implore… je supplie! Notre passé, Carmen, je l’oublie! Oui, nous allons tous deux Commencer une autre vie, Loin d’ici, sous d’autres cieux!
carmen Tu demandes l’impossible! Carmen jamais n’a menti! Son âme reste inflexible; Entre elle et toi… tout est fini! (mouvement de Don José) Jamais je n’ai menti! Entre nous tout est fini!
don josé Carmen, il est temps encore, Ô ma Carmen, laisse-moi Te sauver, toi que j’adore, (avec passion) Ah! laisse-moi te sauver Et me sauver avec toi!
carmen Non! je sais bien que c’est l’heure, Je sais bien que tu me tueras; Mais que je vive ou que je meure, Non, je ne te céderai pas!
don josé Ah! il est temps encore etc.
carmen Pourquoi t’occuper encore D’un coeur qui n’est plus à toi! Non, ce coeur n’est plus à toi. En vain tu dis: je t’adore! Tu n’obtiendras rien, non, rien de moi, Ah! c’est en vain… Tu n’obtiendras rien, rien de moi!
don josé (avec anxiété) Tu ne m’aimes donc plus? (avec désespoir) Tu ne m’aimes donc plus!
carmen (tranquillement) Non! je ne t’aime plus.
don josé Mais moi, Carmen, je t’aime encore, Carmen, hélas! moi, je t’adore!
carmen À quoi bon tout cela? que de mots superflus!
don josé Carmen, je t’aime, je t’adore! Eh bien! S’il le faut, pour te plaire, Je resterai bandit… tout ce que tu voudras… Tout! tu m’entends… tout! Mais ne me quitte pas, Ô ma Carmen! ah! Souviens-toi du passé! Nous nous aimions, naguère! (désespéré) Ah! ne me quitte pas, Carmen, Ah! ne me quitte pas!
carmen Jamais Carmen ne cédera! Libre elle est née et libre elle mourra!
(En entendant la foule qui acclame Escamillo dans le cirque, Carmen fait un geste de joie. Don José ne la perd pas de vue. Sur la fin du chœur, Carmen veut entrer dans le cirque; mais Don José se place devant elle et lui barre le passage.)
la foule (dans le cirque) Viva! Viva! La course est belle! Sur le sable sanglant Le taureau s’élance! Voyez! Voyez! Le taureau s’élance en bondissant, Voyez! Frappé juste en plein cœur! Voyez! Voyez! Victoire!
don josé Où vas-tu?
carmen Laisse-moi.
don josé Cet homme qu’on acclame, C’est ton nouvel amant!
carmen Laisse-moi… laisse-moi…
don josé Sur mon âme, Tu ne passeras pas, Carmen, c’est moi que tu suivras!
carmen Laisse-moi, Don José, je ne te suivrai pas.
don josé Tu vas le retrouver, dis… (avec rage) Tu l’aimes donc?
carmen Je l’aime! Je l’aime et devant la mort même Je répèterai que je l’aime!
(Nouvelle tentative de Carmen pour pénétrer dans le cirque. Don José l’arrête encore.)
la foule (dans le cirque) Viva! Viva! La course est belle! Sur le sable sanglant etc.
don josé (avec violence) Ainsi, le salut de mon âme Je l’aurai perdu pour que toi, Pour que tu t’en ailles, infâme, Entre ses bras rire de moi! Non, par le sang, tu n’iras pas! Carmen, c’est moi que tu suivras!
carmen Non, non! jamais!
don josé Je suis las de te menacer!
carmen (avec colère) Eh bien! frappe-moi donc, ou laisse-moi passer!
la foule (dans le cirque) Victoire!
don josé (éperdu) Pour la dernière fois, démon, Veux-tu me suivre?
carmen Non! non! (arrachant de son doigt un anneau et le lançant à la volée) Cette bague, autrefois, tu me l’avais donnée… Tiens!
don josé Eh bien! damnée!
(Il s’élance vers Carmen. Carmen veut fuir; mais Don José la rejoint à l’entrée du cirque. Il la frappe; elle tombe et meurt. Don José, éperdu, s’agenouille auprès.)
Toréador, en garde etc.
(La foule entre en scène.)
don josé Vous pouvez m’arrêter… c’est moi qui l’ai tuée! Ah! Carmen! ma Carmen adorée!
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{ Intermezzo }
Atto IV
Una piazza a Siviglia. In fondo alla scena i muri di vecchie arene. L’entrata dell’arena è chiusa da un lungo tendale.
Scena IZuniga, Frasquita, Mercedes, venditori e venditrici, la folla, i bambini, una venditrice d’arance, uno zingaro; poi Carmen ed Escamillo.
{ n. 25 - Coro }venditori e venditrici di ventagli, d’arance, di programmi, d’acqua, di sigarette e di vino A due cuartos! A due cuartos!
venditrici di ventagli Ventagli per farsi vento!
venditrici d’arance Arance da mordere!
venditori di programmi Il programma particolareggiato!
venditori di vino Vino!
venditori d’acqua Acqua!
venditori di sigarette Sigarette!
tutti i venditori A due cuartos! Vedete! a due cuartos! Señoras e caballeros!
zuniga Arance… presto!
parecchie venditrici d’arance (a Frasquita e a Mercedes) Eccole! Prendete, prendete, signorine.
una venditrice d’arance (a Zuniga che la paga) Grazie, signor ufficiale, grazie!
parecchie venditrici d’arance (a Zuniga) Queste sono più belle, señor!
venditrici di ventagli Ventagli per farsi vento!
venditrici d’arance Arance da mordere!
venditori di programmi Il programma particolareggiato!
venditori di vino Vino!
venditori d’acqua Acqua!
venditori di sigarette Sigarette!
zuniga Olà! ventagli!
uno zingaro (a Zuniga che lo respinge) Volete anche un binocolo?
tutti i venditori A due cuartos! Vedete! a due cuartos! Señoras e caballeros! A due cuartos! Vedete! vedete!
{ Dialogo }zuniga Ma che ne avete fatto della Carmencita? Non la vedo.
frasquita La vedremo fra poco… Escamillo è qui, la Carmencita non deve essere distante.
Ah! è Escamillo, adesso?…
mercedes Ne va pazza…
frasquita E il suo antico amante José, si sa com’è finito?...
zuniga È riapparso nel villaggio dove abitava sua madre… era anche stato dato l’ordine di arrestarlo, ma, quando sono arrivati i soldati, José non era più là…
mercedes Così è libero?
zuniga Sì, per il momento.
frasquita Mah! non sarei tranquilla io, al posto di Carmen, non sarei tranquilla per niente.
{ n. 26 - Marcia e Coro }i bambini (entrando) Eccoli! eccoli! Ecco la cuadrilla!
la folla Eccoli! Sì, eccoli! Ecco la cuadrilla!
la folla, i bambini Eccoli! ecco la cuadrilla, La cuadrilla dei toreri! Sulle lance, il sole brilla! In aria, cappelli e sombreri! Eccoli! ecco la cuadrilla, La cuadrilla dei toreri! Eccoli!
(Comincia la sfilata. Le parole del coro ne indicano la scenografia.)
i bambini Ecco che sbuca in piazza, Ecco per primo, marciando al passo, L’alguazil dalla brutta faccia. Abbasso! abbasso! abbasso! abbasso!
la folla Abbasso l’alguazil! abbasso!
i bambini Abbasso! abbasso! abbasso! abbasso!
la folla, i bambini Abbasso!
(Entrano chulos e banderilleros.)
la folla E poi salutiamo al passaggio, Salutiamo i chulos arditi! Bravi! viva! gloria al coraggio! Vedete i chulos arditi! Vedete i banderilleros, Vedete che aria spavalda! Vedete! Vedete!
i bambini Vedete!
la folla Vedete che sguardi e con che splendore Riluce il ricamo Del loro costume da combattimento!
i bambini Vedete!
la folla, i bambini Ecco i banderilleros!
i bambini Un’altra cuadrilla s’avanza!
la folla Un’altra cuadrilla s’avanza!
la folla, i bambini Vedete i picadores! Come sono belli! Come incalzeranno col ferro della lancia Il fianco dei tori!
la folla L’Espada! L’Espada! L’Espada!
i bambini Escamillo!
la folla Escamillo! Escamillo! Escamillo!
(Appare Escamillo, con accanto a sé Carmen radiosa e in uno splendido costume.)
la folla, i bambini Escamillo! È l’Espada, lama fina, Colui che viene a finire tutto, Che appare a concludere il dramma E che dà l’ultimo colpo! Viva Escamillo! Ah! bravo! Eccoli! ecco la cuadrilla ecc.
la folla Escamillo! Bravo!
i bambini Viva Escamillo! Ah! Viva Escamillo!
la folla, i bambini Viva Escamillo! Ah! Viva Escamillo! Bravo!
escamillo (a Carmen) Se mi ami, Carmen, potrai, fra poco, Esser fiera di me! Se mi ami!
carmen Ah! io t’amo, Escamillo, e che io muoia Se ho mai amato qualcuno quanto te!
Ah! t’amo! Sì, t’amo!
diverse voci Largo! largo! largo al signor alcalde!
(L’alcalde compare nel fondo, accompagnato da alcuni alguazil, entra nell’arena, seguito dalla cuadrilla, dalla folla ecc.)
frasquita Carmen, un buon consiglio… non restare qui.
carmen E perché mai?
mercedes È là.
carmen E chi?
mercedes Lui! Don José! si nasconde nella folla, guarda…
carmen Sì, lo vedo.
frasquita Sta’ attenta!
carmen Non sono donna da tremare davanti a lui… L’aspetto, e gli vado a parlare.
mercedes Carmen, credi a me, sta’ attenta!
carmen Non temo nulla!
frasquita Sta’ attenta!
(La folla è entrata nell’arena, Frasquita e Mercedes vi penetrano a loro volta. Carmen e Don José restano soli.)
Scena IICarmen, Don José, poi la folla.
{ n. 27 - Duetto e Coro finale }carmen (seccamente) Sei tu!
don josé Sono io!
carmen Mi avevano avvertita Che non eri lontano, che dovevi venire; Mi avevano detto anche di temere per la mia vita; Ma io sono coraggiosa e non ho voluto fuggire.
don josé Io non minaccio… io imploro… supplico! Il nostro passato, Carmen, lo dimentico! Sì, cominceremo Entrambi un’altra vita, Lontano da qui, sotto altri cieli!
carmen Tu chiedi l’impossibile! Carmen non ha mai mentito; La sua anima resta inflessibile; Fra lei e te, tutto è finito. (movimento di Don José) Mai ho mentito! Fra noi tutto è finito!
don josé Carmen, è tempo ancora… O mia Carmen, lasciami Salvarti, te che adoro, (con passione) Ah! lasciami salvarti E salvarmi con te!
carmen No! so bene che è l’ora, So che mi ucciderai; Ma, ch’io viva o che muoia, No, non cederò a te!
don josé Ah! è tempo ancora ecc.
carmen Perché pensare ancora A un cuore che non è più tuo! No, questo cuore non è più tuo. Invano dici: t’adoro! Non otterrai nulla, nulla da me. Ah! è vano… Non otterrai nulla, nulla da me!
don josé (con ansia) Allora non mi ami più? (disperato) Allora non mi ami più!
carmen (con tranquillità) No! non ti amo più.
don josé Ma io, Carmen, t’amo ancora, Carmen, ohimè!, io t’adoro!
carmen A che serve tutto ciò? quante inutili parole!
don josé Carmen, io t’amo, io t’adoro! Ebbene! se occorre, per piacerti, Resterò bandito… tutto quello che vorrai… Tutto! Capisci… tutto! Ma non mi lasciare, O mia Carmen! ah! Ricordati del passato! Poco fa ci amavamo!
(disperato) Ah! non mi lasciare, Carmen, Ah! non mi lasciare!
carmen Mai Carmen cederà! Libera è nata e libera morrà!
(Sentendo la folla che acclama Escamillo nell’arena, Carmen fa un gesto di gioia. Don José non la perde di vista. Verso la fine del coro, Carmen vuole entrare nell’arena; ma Don José si pone davanti a lei e le sbarra il passo.)
la folla (nell’arena) Viva! Viva! La corrida è bella! Sulla sabbia insanguinata, Il toro si slancia! Vedete! Vedete! Il toro si slancia balzando, Vedete! Colpito giusto al cuore! Vedete! Vedete! Vittoria!
don josé Dove vai?
carmen Lasciami.
don josé Quest’uomo che acclamano, È il tuo nuovo amante!
carmen Lasciami… lasciami…
don josé Sull’anima mia, Non passerai, Carmen, è me che seguirai!
carmen Lasciami, Don José, non ti seguirò.
don josé Vai da lui, vero… (con rabbia) L’ami dunque?
carmen L’amo! L’amo e davanti alla morte stessa Ripeterò che l’amo!
(Nuovo tentativo di Carmen per penetrare nell’arena. Don José la ferma ancora.)
la folla (nell’arena) Viva! Viva! La corrida è bella! Sulla sabbia insanguinata ecc.
don josé (con violenza) Così, la salvezza dell’anima L’avrò perduta perché tu, Tu te ne vada, infame, Fra le sue braccia a ridere di me! No, perdio, non andrai, Carmen, è me che seguirai!
carmen No, no, mai!
don josé Sono stanco di minacciarti!
carmen (con collera) Ebbene! colpiscimi allora, o lasciami passare!
la folla (nell’arena) Vittoria!
don josé (sperduto) Per l’ultima volta, demonio, Vuoi seguirmi?
carmen No, no! (strappandosi dal dito un anello e gettandolo via)
Questo anello, me l’avevi dato un giorno… Prendi!
don josé Ebbene! dannata!
(Si slancia verso Carmen. Carmen vuole fuggire; ma Don José la raggiunge all’entrata dell’arena. La colpisce; Carmen cade e muore. Don José, smarrito, s’inginocchia accanto a lei.)
la folla (nell’arena) Toreador, attento ecc.
(La folla entra in scena.)
don josé Potete arrestarmi… sono io che l’ho uccisa! Ah! Carmen! mia Carmen adorata!
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